La vie se construit au fil des rencontres agréables ... ou pas (PV : Crépuscule)

Il faisait doux et chaud quand la novice rousse sortit de sa tanière alors que cela n'était encore que la nuit. Le ciel entièrement dégagé laissait apercevoir toutes les étoiles qui brillaient d'une belle lueur. La lune formant un croissant était parée d'un argent-gris que l'apprentie lui enviait. Même si elle aimait le roux vif dont sa fourrure était composée, la lune avait une si belle couleur que la novice ne pouvait que l'aimer. La chaleur l'avait réveillée et s'était avec plaisir qu'elle s'exposait au vent. Elle aurait pu aller jusqu'à la rivière pour vraiment se rafraichir, mais toute seule, cela n'était pas drôle. Si Myrtille des Bois n'était pas encore guerrière, la novice le lui aurait proposée, mais elle savait très bien que son amie avait autre chose à faire que des escapades nocturnes. Et cela lui laissait un goût amer dans la bouche. Et, à son grand malheur, elle se rendait compte qu'elle n'avait pas tant d'amis que ça et maintenant que sa meilleure amie était partie, elle se sentait légèrement seule. De plus, la guerrière écaille voulait-elle toujours avoir une meilleure amie apprentie quand elle pouvait très bien en avoir des guerrières ? Elle l'ignorait complètement.

Fermant les yeux, la novice commençait à s'assoupir après avoir regarder les étoiles et profiter de la brise.

Life is not always as we're expecting it.

Nuage Crépusculaire était assoupi. Son esprit allait et venait parmi les étoiles et le ciel, le passé et le présent. Il n'avait plus fait de beaux rêves depuis la mort de son père et l'abandon de sa mère. Tout était devenu aussi noir que son pelage, aussi sombre qu'une nuit sans lune: Seulement des cauchemars et d'affreuses visions dans lesquelles la solitude régnait.
Il fut réveillé sans raison tandis que la nuit n'était pas encore tout à fait finie. L'apprenti-flèche du clan de la Rivière s'étira de tout son long et se lécha vigoureusement le pelage. Il savait que, quoi qu'il ferait, il ne pourrait pas se rendormir.
La lune brillait, illuminait le camp de sa douce lueur argentée. Malgré son caractère, Nuage Crépusculaire savait apprécier les belles choses, et il s'assit à l'entrée de la tanière des apprentis pour contempler le magnifique spectacle qui s'offrait à lui. Son cœur meurtri fut soudain rempli d'une chaleur apaisante.

Il faisait très chaud, et, malgré le vent, le jeune chat noir décida de sortir du camp pour aller se désaltérer à la rivière. Il savait que cela était interdit... Mais depuis un certain temps, il passait outre les interdits.
Son pelage se fondait parfaitement dans l'obscurité, il pût donc se faufiler dehors sans que personne ne le sache. Ses yeux bleus fixèrent le lointain et il suivit le chemin, qu'il connaissait depuis que sa mère l'y avait emmené, lorsqu'elle l'aimait encore. Des larmes amères lui brûlèrent les yeux. Il les retint, comme il en avait l'habitude depuis quelques lunes.
Nuage Crépusculaire voulait rentrer avant le jour. Il ne souhaitait pas que la patrouille de l'aube ne le trouve. C'était tout de même un apprenti, et débutant qui plus est, qui ne pouvait pas faire ce qui lui plaisait sans en payer le prix.
Ainsi, il força l'allure, et arriva bien vite à la rivière. Le jeune chat se faufila parmi les ronces avec habilité et s'arrêta sur le bord du court d'eau. Il lapa le liquide rafraîchissant, s'assit pour le contempler. Sa beauté le surprit: il fut un instant heureux, ce qui était devenu rare depuis plus de trois lunes.
Soudain, il fut stoppé par un étrange pressentiment. Il se sentait épié.
L'apprenti-flèche se retourna vivement et se figea, apeuré. Il n'était pas encore capable de se défendre convenablement, surtout en n'ayant que six lunes.
La terreur le submergea, mais, malgré cela, il prit son courage à deux pattes et chuchota:

- Qui est là ? Montrez-vous !

Ses oreilles se plaquèrent en arrière et il attendit, fébrile.

La novice dormait, allongée paisiblement dans un coin à l'extérieur de sa tanière. Profitant d'un renfoncement qui l'empêchait d'être visible, elle s'y était assis sans se douter que juste après elle entrerait dans le monde des rêves. Puis un bruit déchira le silence et elle ouvra les yeux. Un apprenti qu'elle ne reconnaissez pas était déjà sorti du camp et se dirigeait de plus en plus vers l'extérieur. Furtivement, elle le suivit à une distance raisonnable, en n'oubliant que son pelage roux était plus que visible. Apparemment, elle le vit boire : peut-être était-ce pour cela qu'il s'était déplacer ? Elle soupira doucement, elle aurait préféré une belle aventure, cela lui aurait valu le déplacement au moins ! Cela aurait été si bien une escapade à travers un territoire ennemi, un entrainement nocturne et aquatique juste avant les Chutes ou bien d'autres choses tout aussi passionnantes. Elle aurait aimé voir si cette apprenti était plus aventureux qu'elle ne l'était à son âge.

- Qui est là ? Montrez-vous !

Incroyable, il l'avait repéré ! Mais peut-être pas sa position, alors veillant à avoir le vent à dos, elle se dirigea silencieusement vers la rivière en se cachant grâce aux différentes plantes et arbres qui abondaient. Puis plongeant dans celle-ci, elle veilla à ce que le "splash" ne paraisse pas anormal, en se confondant avec les autres bruits aquatiques. Ensuite, elle s'approcha calmement de lui, utilisant le courant pour la porter tout en veillant tout de même à être silencieuse. Puis, étant juste derrière lui, elle s'expatria le plus bruyamment possible de l'eau tout en criant pour lui faire la peur de sa vie.

- Surprise ! cria-t-elle.

- Surprise !

Le cœur de Nuage Crépusculaire fit un bond dans sa poitrine. Il sursauta et plaqua ses oreilles en arrière, les griffes sorties, prêt à se défendre. Il se retourna vivement, montrant les crocs. Mais son pelage retrouva vite sa taille normale lorsqu'il repéra l'odeur du clan de la Rivière qui flottait dans l'air.
Ses muscles ne se détendirent pas pour autant. Il observa le nouveau venu, ou plutôt la nouvelle venue qui lui faisait face.
La jeune chatte possédait un beau pelage roux et de grands yeux jaunes. C'était une apprentie. Le chat au pelage noir ne la reconnaissait pas, mais il ne faisait pas très attention aux apprentis ces derniers temps. Elle semblait fière de son coup.
Nuage Crépusculaire jura dans sa moustache. En plus de l'avoir effrayé, elle avait un air hautain et une lueur victorieuse dans le regard.
Il détestait ce genre de comportement, et sa mauvaise humeur prit le dessus quand il hurla:

- Ah bah bravo ! Tu n'as que ça a faire, d'effrayer toute le monde ? Franchement, c'est pitoyable ! Tu peux aller jouer ailleurs...

Il regretta tout de suite ses paroles, dures et agressives. Mais il n'y pouvait rien, c'était son tempérament.
Un peu gêné, il se mit à lécher une patte puis plongea dans ses souvenirs. Il ne parvenait vraiment pas à se remémorer cette apprentie. À moins qu'il ait joué avec elle lorsqu'il était plus jeune ? Il s'était efforcé d'oublier l'"avant", et tout ce qui était relié à ses parents. Mais désormais, une question lui torturait l'esprit: aurait-il du garder en mémoire les bons moments ?
La présence de la chatte le sortit de sa torpeur. Elle semblait un peu décontenancée. Il se souvint qu'il lui devait des excuses.

- Excuses-moi, je ne pensais pas ce que j'ai dis, je ne suis pas de très bonne humeur.

Il n'était pas doué pour dire "pardon", c'était donc la seule chose qui lui était venue à l'esprit.
Il bloquait et ne savait désormais plus quoi dire.
Il regarda ses pattes, penaud, puis il ferma les yeux un instant, imaginant la fourrure de son père qui frôlait la sienne. Alors, il tourna la tête vers la chatte rousse et tenta de paraître heureux.
"Paraître", c'est ce qu'il savait faire de mieux.
Toujours honteux de sa gaffe, il demanda:

- Qu'est-ce qui t'amène par ici ?

- Ah bah bravo ! Tu n'as que ça a faire, d'effrayer toute le monde ? Franchement, c'est pitoyable ! Tu peux aller jouer ailleurs...

Les oreilles de la novice se couchèrent et elle le regarda hargneusement. Elle détestait voir les apprentis plus jeune qu'elle se comportaient comme s'ils étaient des guerriers. Elle était leur ainé, bon sang ! Sa fourrure monta en piques et sa queue battit furieusement l'air. S'il voulait se battre, il allait être servi et après elle pourrait "jouer ailleurs", comme il l'avait si bien dit. Pourtant, il parut ailleurs et surprise, elle attendit longuement qu'il daigne enfin se rappeler de sa présence.

- Excuses-moi, je ne pensais pas ce que j'ai dis, je ne suis pas de très bonne humeur.

Encore une fois, il l'oublia totalement et l'agacement de la chatte rousse revint. Ne pouvait-il pas enfin la regarder dans les yeux ? Au lieu de fixer ses pattes pensivement alors que ce n'était pas le moment ? Nuage Mielleux voulait des explications sur sa présence ici, pas de maigres excuses déguisés en pardon. Elle ne voulait pas passer sa nuit là, elle préférait largement dormir tranquillement avec ses camarades.

- Qu'est-ce qui t'amène par ici ?

La question, si déplacé, fit revenir la fureur de la novice. Ne comprenait-il pas qu'il n'était pas en position de lui demander ça ? Elle avait été réveillé pas sa maladresse alors qu'elle dormait si bien et il l'avait engueulé à cause d'une petite blagounette innocente. Ensuite il n'avait même pas été fichu de s'excuser correctement et voilà que maintenant il lui demandait des explications. C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

- Ce qui m'amène ? répliqua-t-elle. Très bonne question, hein ! T'as fait tellement de bruit que tu m'as réveillé, et j'voulais pas laisser un apprenti maladroit s'trimbaler tout seul sur notre territoire. Mais merci n'existe pas et maintenant que je vois ton amabilité, je peux retourner me coucher !

Sortant de l'eau et secouant son pelage en s'assurant d'éclabousser le plus possible l'apprenti noir, elle continua sa route pour retourner au camp. Dormir lui manquait et si elle voulait être en forme pour l'entrainement du lendemain, elle devait se dépêcher. Surtout qu'il l'avait mise en rogne et qu'elle ne voulait pas continuer à parler avec lui. Mais, elle ne résista pas à l'envie de lui lancer une dernière pique.

- Pas étonnant que tu n'es pas d'amis avec ta gentillesse et ta bonne humeur, dit-elle avec sa voix la plus tranchante et la plus enduit de venin.

En continuant son chemin, la novice rousse espéra juste qu'il ne retournerait pas sa phrase contre elle, car niveau bienveillance elle n'était pas mal non plus.

Spoiler:

- Ce qui m'amène ? répliqua-t-elle. Très bonne question, hein ! T'as fait tellement de bruit que tu m'as réveillé, et j'voulais pas laisser un apprenti maladroit s'trimbaler tout seul sur notre territoire. Mais merci n'existe pas et maintenant que je vois ton amabilité, je peux retourner me coucher !

Nuage Crépusculaire leva les yeux au ciel. La jeune chatte ne l'impressionnait pas le moins du monde. Si elle croyait qu'il allait lui dire "merci", c'est qu'elle le connaissait mal.
Il réfléchit à une réponse cinglante tandis que l'apprentie sortait de l'eau et s'ébrouait à ses côtés, le trempant au passage. Elle semblait s'apprêter à partir... Bon débarras !
Le jeune mâle chercha encore quelques instants une bonne pique à lancer à la femelle, mais celle-ci le devança.

- Pas étonnant que tu n'aies pas d'amis avec ta gentillesse et ta bonne humeur.

Nuage Crépusculaire dressa les oreilles, furibond. Il tentait de se contrôler, mais en vain. Des tremblements secouaient son corps tout entier. Il ne supportait pas, ou plus du moins, qu'on le traite ainsi. Cette apprentie allait payer. Alors que la jeune chatte partait en direction du camp, il la rattrapa et sauta sur son dos. Cette action eut l'effet escompté puisque la surprise se lisait dans son regard. Il la plaqua au sol et montra les crocs.
Nuage Crépusculaire vit ses yeux, grands et ambrés, paniqués. Il fut pris d'un sentiment étrange et la culpabilité le rongea. S'attaquer à des apprentis de son propre clan, et puis quoi encore ? Il la lâcha et recula, soudain très en colère contre lui-même.
Il détestait son caractère, il détestait sa famille, son clan, il détestait sa vie.
Fulminant, il déclara:

- Je n'y peux rien si ma mère m'a abandonné après la mort de mon père. Pourquoi tu crois que je suis devenu comme je suis ? Tu penses que c'est facile de vivre avec ça ? Comment tu pourrais comprendre ?!

L'apprenti-flèche savait bien qu'il y était allé un peu fort. Mais lorsque la colère le submergeait, il s'attaquait à tout le monde sans raison.
Malgré tout, il regrettait toujours d'avoir sauté sur cette apprentie. Ce n'était pas digne de lui, même si ce qu'elle avait dit était assez injuste. Injuste, mais vrai.
Il ajouta:

- Je suis désolé. Vraiment.

Puis Nuage Crépusculaire se retourna et marcha en direction de la rivière.
Cette femelle avait beau l'avoir froissé, il devait reconnaître qu'elle était perspicace, et belle.
Soudain, un souvenir, très ténu, lui revint en mémoire.
Il jouait avec ses anciens amis devant la pouponnière, et ils avaient tous étaient appelés au promontoire pour un baptême.

"Nuage Mielleux".

Spoiler:

Le sol bascula et elle sentit l'arôme immonde de la terre. Cet imbécile s'était permis de la plaquer au sol. Elle se débattit, mais rien à faire, ce lourdaud maitrisait drôlement bien cette technique simplette. Elle tenta de parler, mais la boue l'en empêchait. Ça lui faisait tout drôle d'être attaqué par son propre camarade. De plus, s'il avait été un ennemi, il lui aurait suffit de lui mordre la nuque pour qu'elle rejoigne le Clan des Etoiles. Il recula soudain, et la novice se leva d'un bond puissant. Ses poils s'hérissèrent tous sans aucune exception. Elle ressemblait à un hérisson brun maculé de boue et de crasse.

- Je n'y peux rien si ma mère m'a abandonné après la mort de mon père. Pourquoi tu crois que je suis devenu comme je suis ? Tu penses que c'est facile de vivre avec ça ? Comment tu pourrais comprendre ?! Je suis désolé. Vraiment.

Comment pouvait-il penser que tout les malheurs du monde s'abattaient sur lui seul ? Elle avait souffert aussi quand elle était seul le soir alors que les autres chatons étaient entres les pattes de leur mère. Pourtant, jamais cela ne l'avait empêchait de se faire des amis et d'aller de l'avant. Perdre quelqu'un était dur, mais ne pas savoir ce que cela fait la présence de parents l'était encore plus.

- Oh mon pauvre chou, tu veux un câlin ? dit-elle d'une voix sarcastique au possible. Elle ajouta. Moi, je n'ai ni parents ni famille, mais je ne geigne pas comme un chaton. Je n'agresse pas non plus mes camarades quand ils me font une blague rigolote.

Elle devrait se calmer, faire la paix et rentrer se coucher, mais elle n'en avait pas l'envie. Elle voulait continuer, elle était trop bien partie pour s'arrêter maintenant. L'apprentie n'aimait pas qu'on la traite comme ça, qu'on ait de si violents sauts d'humeur. Un instant pleurnichard, puis agressif, puis violent ... Elle voulait bien lui faire comprendre à quel point il l'horripilait.

-Tu sais ce qu'il te manque ? Ce n'est pas absolument un père, une mère ou un frère, c'est juste de l'humour. Et une bonne dose de second degré ! Que tu n'as visiblement absolument pas !

Spoiler:

- Oh mon pauvre chou, tu veux un câlin ? Moi, je n'ai ni parents ni famille, mais je ne geigne pas comme un chaton. Je n'agresse pas non plus mes camarades quand ils me font une blague rigolote.

Toute bonne volonté s'envola chez Nuage Crépusculaire. Il venait de réaliser qu'il s'était en effet ridiculisé en se décrivant comme une victime. Et il détestait le ton sur lequel Nuage Mielleux lui parlait. Même si elle n'avait pas eu de parents, et qu'il comprenait que ça pouvait être douloureux, il n'éprouvait aucune pitié vis-à-vis de cette chatte arrogante et agressive. Quoique, il était peut-être aussi agressif qu'elle.
L'apprentie continua sur sa lancée:

- Tu sais ce qu'il te manque ? Ce n'est absolument pas un père, une mère ou un frère, c'est juste de l'humour. Et une bonne dose de second degré ! Que tu n'as visiblement absolument pas !

C'était ce qu'elle croyait. Nuage Crépusculaire était capable de rire de bon cœur lorsqu'il le fallait. Même s'il se forçait, il en était capable. Malgré ce, à cet instant précis, il ne souhaitait pas rire, il voulait juste se jeter sur la chatte qui lui faisait face pour l'empêcher de le critiquer encore et encore. Mais il n'en fit rien.
Une force invisible le retenait.
L'apprenti-flèche commença une toilette soignée, qu'il prit soin de faire durer le plus longtemps possible. Juste pour la faire enrager. Il pensait qu'elle en aurait assez, qu'elle partirait, mais elle resta là, sans bouger.
Puis il la regarda de ses yeux d'un bleu profond.

- Oui, je veux bien un câlin.

Le jeune chat se mit à sourire. Il voulait entrer dans le jeu de Nuage Mielleux et il souhaitait voir comment elle réagirait.
Il se leva et s'approcha d'elle, s'arrêta à une longueur de queue de renard de l'apprentie.
Puis il s'assit à nouveau, les moustaches frémissantes.
Nuage Crépusculaire observa longuement la femelle, qui ne bougeait toujours pas malgré la tension palpable. Il faisait rentrer et sortir ses griffes pour se détendre, et laissait l'air de la nuit lui chatouiller le museau.
Au bout d'un long moment, il reprit:

- Tu ne me connais pas assez pour me juger, Nuage Mielleux. Il s'arrêta un instant puis ajouta: Par exemple, tu ne t'attendais pas à ce que je connaisse ton nom.

Il se leva et contourna la jeune chatte. Puis il s'assit un peu plus loin et observa les étoiles, qui se reflétèrent un instant dans ses yeux.

- Toi, je parie que tu ne sais même pas comment je m'appelle. Pas vrai ?

Nuage Crépusculaire se retourna et attendit la réaction de la chatte. Il lui avait posé une question dont il ne pouvait pas connaitre la réponse.

Spoiler:

- Oui, je veux bien un câlin. dit-il enfin, après sa toilette interminable.

Les dents de la féline grincèrent quand le félin se rapprocha d'elle et s'assit à côté d'elle. Sa tension était à son paroxysme et il aurait suffit d'un rien pour qu'elle lui bondisse dessus toutes griffes dehors. Il l'énervait presque autant que ses insectes volants qui bourdonnaient à leurs oreilles, les chauds soir d'été. Elle n'avait qu'envie d'une chose, les écraser. Mais, la novice se retenait : s'ils devaient se battre, elle ferait en sorte que cela soit lui qui attaque pour qu'elle n'ait comme tord que de se défendre, devant témoins si possible. Pour éviter de labourer la chair tendre du félin, elle s'amusa à déchiqueter les feuilles environnantes ainsi que tout ce qui lui tombait sous la patte.

- Tu ne me connais pas assez pour me juger, Nuage Mielleux. Par exemple, tu ne t'attendais pas à ce que je connaisse ton nom.

Quel paradoxe s'élevait des paroles du félin : comment pouvait-il savoir qu'elle ne s'attendait pas à qu'il connaisse son nom sans la juger ? Il ne la connaissait pas suffisamment pour la juger elle-aussi. La novice savait aussi qu'il suffisait juste d'une bonne mémoire et de suivre les baptême ou de parler un minimum avec les autres apprentis pour connaitre leurs noms. Ce n'était pas très compliqué, si Nuage Mielleux s'en souvenait bien, l'apprenti noir s'appelait ... hum ... Machin-Truc.

- Toi, je parie que tu ne sais même pas comment je m'appelle. Pas vrai ?

Il lui tendait un défi : l'apprentie faisant appel à tout ses souvenirs de noms parvint à trouver le bon. Ou plutôt les bons : les potentiels bons noms qui correspondaient un minimum avec son pelage d'ébène et son caractère de cochon. Hum ...

- Tu ne me connais pas non plus, Nuage Crépusculaire. Quel drôle de chose, dit-elle avec ironie, de demander de ne pas juger en jugeant l'autre.

Elle sourit à son tour, dévoilant ses dents fines et pointus, comme une menace. Puis, elle s'éloigna légèrement, se rapprochant à nouveau de l'eau pour faire tremper ses coussinets dans l'eau glacé et observaient les scintillantes étoiles et la blanche lune.

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