Les chatons, source d'ennuis ! |PV Phénix|

Quelle belle matinée. Encore une qui le rapprochait de façon sûre mais imperceptible de son baptême d'apprenti. L'hiver serait bientôt fini, le gibier commençait à revenir, il le savait, il ne se faisait presque pas rembarrer lorsqu'il demandait si il pouvait aller prendre une proie sur le tas de gibier ou si il la prenait sans tenir compte de cette étape.

Comme à son habitude, il traînait désœuvré au centre du camp. Le soleil était au rendez vous aujourd'hui. La patrouille de l'aube venait de partir, il l'avait manquée de peu. Peut-être se dépêchaient il de partir pour éviter d'être harceler par un chaton hyper actif qui voulait absolument partir avec eux. Ton tour viendra .. Y'a intérêt. Echo des Flammes dormait presque toutes les nuits maintenant dans la tanière des guerriers mais la pouponnière restait petite pour tant de chatons. Phénix s'en éloignait le plus souvent possible pour se préparer au mieux à sa future vie en tant que membre actif et utile au sein du Clan du Vent.

Ce matin, son occupation était de lancer des boules de mousses sur les individus les moins à même de se défendre : Les apprentis. Pas les anciens, ce serait lâches et cruels si on tenait compte de leurs histoires et des services qu'ils avaient rendus à leur Clan.

Il fila faire sa réserve et se posa non loin de l'antre. Sa première victime sortit, un matou tigré, un tout jeune apprenti. Phénix lança son projectile et comble du bonheur, celui ci atterrit dans sa gueule alors qu'il était en train de bailler. Le rouquin pouffa de rire. Nuage de Lapin, car c'était lui lança avec désinvolture la boule de mousse qui vint se coincer dans les ronces.

Méchanceté gratuite. Sa pique avait pour but de le tester pas vraiment pour la balle de mousse. On s'en fiche, il y en avait plein, des tas. Surement que Nuage de Lapin avait du souffrir à cause de la perte de sa queue. Mais il ne semblait pas s'en émouvoir. Semblait. Ce petit arrogant se comportait déjà comme un lieutenant alors qu'il n'y a pas si longtemps, c'était un chaton aux côtés de Phénix. Mais Phénix justement s'ennuyait et si le matou brun comptait lui fausser compagnie, il lui emboîterait le pas. " Embêter les honnêtes gens " était son passe temps favori.

scanda t-il en plissant les yeux.

Il se trouvait face à Nuage de Lapin. Il n'était pas aussi grand que lui, mais ce n'était plus une boule de poils rousses gémissant et gesticulant. C'était un presque-apprenti. Il pensait vraiment ce qu'il avait dit. Nuage de Lapin n'avait pas d'avenir à part peut-être celui de guérisseur, de son point de vue.

Phénix avait son mauvais sourire en coin, de sale garnement. Il cherchait a provoquer le matou brun. Il avait envie de s'amuser un peu. Il n'avait pas peur. Si sa tournait mal, il pourrait sans problème se défendre. L'autre n'était qu'une brindille sans force. Lui, un chaton musclé et arrogant.

L'évocation de sa soeur fit revenir Nuage du Lapin. Ainsi sa famille ne le laissait pas froid et indifférent. Phénix aussi ferait n'importe quoi pour protéger sa fratrie qu'il aimait de tout son coeur, même si il ne savait pas toujours comment leur dire. Ils n'étaient peut-être pas si différent après tout. Le chaton espérait que les autres ne le voyait pas comme quelqu'un de méprisant et distant.

Il s'apprêta à répondre à Nuage de Lapin lorsque celui ci lança :

« Et toi, tu devrais retourner chez toi, ta véritable appartenance : la ville. Seuls les chats nés dans un Clan devraient vivre dans un Clan. Vous autres n'être que des déchets, votre loyauté n'est pas sûre et le Code du Guerrier résonne comme du vide dans vos cervelles creuses. »

Le visage du chaton se décomposa. Un chat de la ville ? Lui ?

Ses longs poils roux étaient dressés sur son échine et il avait l'air deux fois plus gros. Sa queue battait furieusement l'air et un grondement sourd montait dans sa gorge. Il était à un poil de souris de sauter sur cet imbécile et de lui faire ravaler ses paroles. Il ment, il a dit ça pour que la situation retombe brusquement sur moi. Phénix se força à se calmer, sachant comment son interlocuteur devait jubiler parce que ses paroles l'avait piqué au vif. Il se rassit calmement et le toisa avec toute la haine et le mépris qu'il ressentait à cet instant.

Pourtant, le doute s'était immiscé dans son esprit et il mourrait d'envie de courir à la pouponnière pour aller voir Echo des Flammes.

Nuage de Lapin sembla se radoucir. Comme si les mots semblaient lui avoir échappé. Alors si il ne disait pas ça pour me blesser, pourquoi semble t-il regretter ? Ça ressemblait à un secret, à quelque chose dont on parler à voix basse. A des regards en coins, gênés dés qu'il est là, la pitié dans le regard. Non.

La situation lui échappait totalement. Il avait l'impression de perdre patte dans son raisonnement qui était le plus clair que son esprit de chaton arrivait à formuler. Ça tombait sous le sens et le rouquin refusait de le reconnaître, il y avait quelque chose qui clochait. Il masquait de son mieux son désarrois, essayant de ne pas perdre la face devant l'ennemi et de se cacher derrière de la désinvolture.

Lorsque Nuage de Lapin lui fit la morale, ce fut trop pour lui, il explosa :

Il lui tourna le dos, il fulminait. Le pire dans l'histoire, c'était que cet imbécile avait raison. Et Phénix tord. Il voulait en apprendre plus. Quand l'apprenti brun partirait, il le suivrait.

Ils devaient former un spectacle étrange. Deux jeunes félins, se faisant dos mais se parlant quand même. Phénix ne s'était pas retourné et Nuage du Lapin s'apprêtait apparemment à clore la conversation et à vaquer à ses occupations. Apparemment.

Au contraire, je pense qu'elle devient intéressante.

Cette phrase se devait d'avoir une suite, mais là tout de suite, le rouquin n'en avait pas. Il avait balancer ça, sans vraiment réfléchir. C'était trop tentant de jouer à celui qui sait quelque chose que l'autre ne sait pas et qui le frustre avant de lui dire. Manifestement, si le brun ne s'était pas barré à grandes enjambées c'est qu'il voulait en savoir plus. Il fallait que Phénix en dise plus.

Disons que par exemple, que les souris sont bonnes à manger. Enfin c'est ce que nous disons mais si une .. vache mange une souris elle ne la trouvera pas bonne.

Et ensuite ?

Est ce que c'est vrai de dire que les souris sont bonnes ? Est ce que personne ne pourra en juger ? Est ce qu'on doit partir du principe que tout est mal pour dire que personne n'est bon ?

J'ai dit quoi ?

En tout cas l'apprenti n'allait pas pouvoir partir.

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