Nuage De Mésange.

Pff. Pour le coup, il n'y a rien à dire.
Mon père, Silence des Mânes était une Ordure. C'est lui qui m'a élevé, ma mère étant morte en couche. Ma mère, je ne peux pas en dire grand chose. Mon père disait d'elle que ce n'était qu'une chienne de plus dans ce bas monde, et qu'à l'occasion d'une partie de jambes en l'air, j'étais né par accident. Accident. Il insistait toujours sur ce mot. Pour lui, j'étais une erreur, un mauvais calcul de Dame Nature. Il appuyait dès qu'il le pouvait sur le fait qu'il ne m'avait jamais voulu, que je ne servais à rien, juste un marmot braillard de plus. Et moi, enfant crédule, je le croyais, j'étais persuadé que ces propos représentait la vérité. Je me sentais faible, bête, sans valeur... Je le détestais, oh que je le haïssait, mon père ! Il ne m'a jamais reconnu comme son véritable fils, à peine s'il me regardait. J'ai donc été élevé par les reines du clans, sans véritable amour, plutôt avec pitié. Alors, pour combler ce vide terrible, je commença à rêver. Je m'éloignait du monde, petit à petit.
Vers ma 5ème lunes, on m'apprit la disparition tragique de mon paternel, tué bêtement par un blaireau. Tragique, ha ! En vérité, je me suis réjouit de sa mort comme jamais, et si j'aurais pu, je serai allé féliciter chaleureusement l'animal qui avait eu cette idée merveilleuse. Evidemment, lors de son enterrement, j'ai joué la comédie, je pleurais mes larmes de crocodile, je posais des questions débiles sur ce qu'était advenu mon père. Mais intérieurement, j'étais soulagé, terriblement soulagé d'un poids qui avait volé mon enfance.
Pourtant, aujourd'hui, je me sens toujours aussi faible...

"Parler de moi ?

Je ne parle pas beaucoup. Il faut dire, je ne voit pas l'intérêt de m'exprimer la plupart du temps. Les autres ne m'aiment pas, en fait. Ils passent leur temps à me dire que je suis bizarre, que je ne suis pas comme les enfants de mon âge. C'est vrai que je ne leur ressemble pas ; ils sont grands et fort, je suis petit et faible. Ils sont endurants, je m'essouffle au moindre effort. Ils aiment se battre, je n'aime pas donner des coup. Ils attendent avec impatience leurs baptême, je voudrais qu'on le repousse. Ils ne m'aiment pas, moi je les admirent.
Les adultes me disent aussi que je passe trop de temps à rêver, que je devrais songer sérieusement à mon avenir... Mais je n'en veut pas, de mon avenir. Je voudrais juste qu'on me laisse rêver. Rêver de grands voyages, d'histoire faites de cape et d'épées, avec une princesse à sauver, car moi j'aime m'enfuir de cette réalité qui me rejette. J'ai si peur de ce monde absurde, de ces gens étranges qui me haïssent. Moi, je voudrais juste que l'on m'aime. Et comme personne ne m'aime, je m'enferme dans mon monde à moi, et je rêve encore."