Un nouveau venu: Coeur Étoilé [libre]

En cette nuit, sous la voûte céleste illuminée par des centaines d’étoiles, une chatte souffre. Elle souffre terriblement. Ses miaulements plaintifs déchirent l’ombre comme le glas. Pourtant, c’est un moment heureux. Une souffrance nécessaire. Ce n’est pas le glas, le terme, mais la floraison de la fleur, le don de plusieurs vies. La chatte souffre en s’émerveillant devant la possibilité donnée à une vie de pouvoir en produire plusieurs autres.
D’un coup les souffrances s’arrêtent. Ce n'est pas sa première portée, mais elle n'est toujours pas habituée au moment de la mise à bas. De petits miaulements se font entendre. Par l’odeur la mère reconnait une femelle.

«Petite Fleur...»

Une douleur lancinante traverse à nouveau son frêle corps. Elle est encore plus virulente que la première. Après une longue minute de douleur, de nouveaux miaulements se joignent aux premiers. Un chaton robuste de couleur brune parsemé de tâches plus claires.

«Petit Chêne...»

Le troisième ne lui demande presque pas d’énergie. Ou bien est-elle déjà trop épuisée pour le sentir venir? Enfin, elle ne le sent pas arriver. Il possède une robe noire. Un noir pur comme la nuit. Il est frêle. Sa petite taille lui permettra probablement de se faufiler dans les endroits inaccessible à certains chats.

«Petit Coeur!»

Le quatrième arrive lui aussi en douceur. C’est une femelle de couleur brune elle aussi.

«Petite Cendre.»

Étonnamment, la mise à bas du cinquième se passa rapidement. Autant son frère Petit Coeur était de couleur noire, autant le dernier possédait une robe blanche pure comme opposés l’un à l’autre.

«Petit Nuage!»

Les chatons grandirent petit à petit chacun ayant une activité différente de l’autre. Petit Chêne et Petit Nuage s’affrontant régulièrement afin de s’amuser.
Petit Coeur quand à lui, les observait parfois, mais préférait veiller sur sa mère et ses soeurs.
Dés la première lune, Petite Fleur plus faible que ses frères et sa soeur tomba malade. La mère ne pouvait pas fournir assez de lait pour cinq. Petit Coeur veillait sur elle, mais après une semaine elle rendit l’âme. Puis, leur mère, Clair de Lune tomba malade et presque simultanément Petite Cendre et Petit Chêne furent malade. Petit Chêne pourtant robuste quitta le monde rapidement et Petite Cendre aussi.
Afin de survivre Petit Nuage et Petit Coeur décidèrent d’aller chasser car ils n’osaient plus trop s’approcher de leur mère. Leurs premières tentatives furent vouées à l’échec. Petit à petit, pourtant ils s’améliorèrent et ramenèrent des mulots et des souris et parfois même des écureuils. Il fallait qu’ils nourrissent leur mère.
Mais, après quelques temps, Petit Nuage ne rentra pas de la chasse et Petit Coeur ne le retrouva jamais. Petit Coeur resta désormais seul avec Clair de Lune.

Un jour, alors que Petit Coeur avait chassé toute la journée et qu’il ramenait ses proies à sa mère, il cru entendre des gémissements dans un terrier. Craintif, il s’en approcha. Il croyait entendre les gémissement d’un oiseau. Il ne savait pas pourquoi il essayait de savoir qui souffrait, un oiseau probablement, si sa mère lui avait toujours conseillé de s’éloigner des oiseaux qui pouvaient attraper les chatons et en faire leur déjeuner. Mais une impulsion le poussa à savoir.
Au fond du terrier, il y avait bien un oiseau. C’était un corbeau reconnaissable à la noirceur de ses plumes. Il semblait inoffensif car incapable de bouger. Il paraissait sous-alimenté et blessé à l’aile droite. À l’approche de Petit Coeur qui avait une souris dans sa gueule, l’oiseau croassa d’un ton de supplication. Ne sachant pas ce qu’il faisait, Petit Coeur s’approcha à portée du bec de l’animal. Ce dernier ne tenta pas de l’attaquer. Petit Coeur déposa sa proie devant le souffrant et la poussa de sa tête. Ils s’échangèrent un regard comme si l’oiseau cherchait à demander l’autorisation avant de manger. Après un instant, il commença à dévorer la proie paraissant ne pas avoir mangé depuis des jours.

De retour chez-lui, Petit Coeur interrogea sa mère au sujet des plantes qui pouvaient soigner un chat blessé usant comme prétexte que cela pourrait lui être utile s’il se retrouvait seul et sans aide.
Lorsqu’il chassa les jours suivants, il ramassa des plantes que sa mère lui avait indiqué et faisait chaque jours plusieurs détours à la caverne au corbeau. De jour en jour ce dernier récupérait tandis que l’état de la mère de Petit Coeur empirait.
Le jour où le nouvel ami de Petit Coeur pu voler à nouveau fut aussi celui de la mort de sa mère. L’animal volant donna une de ses plumes à Petit Coeur et la lui glissa dans le pelage. Quelques jours plus tard, le corbeau parti. Petit Coeur décida qu’il était temps pour lui aussi de bouger. Les proies se faisaient de plus en plus rares et cet endroit lui rappellerait toujours de bien mauvais souvenirs. Commença alors une longue errance pour Petit Coeur.

En chemin, il rencontra deux chats, un mâle et une femelle qui se disputaient pour une histoire de territoires. Ils en étaient presque aux armes.

«Quel est la raison de votre problème? demanda-t-il.
- Je suis Oeil de la Prairie. Il y a que ce matou vient d’attraper une proie sur mon territoire et ne veut pas me la rendre sous prétexte que c’est lui qui l’a chassé et non moi. C’est déjà difficile de surveiller mes terres avec tous ces matous errants alors si mon voisin s’y met... Je ne suis pas une guerrière moi...
- Toi, le gris, pourquoi ne veux-tu pas rendre cette proie à cette chatte?
- Je suis Ventre Sans Fond. Je suis trop faible pour chasser. C’est un coup de chance que j’ai attrapé cette souris. Cela fait des jours que je n’ai pas mangé... Mes voisins me volent mes terres. Ils profitent de ma faiblesse... Et comme elles sont peu giboyeuses, j’ai de moins en moins à manger... Voilà que même ma voisine avec laquelle je me suis toujours bien entendu et dont les terres regorgent de gibier ne daigne même pas partager avec moi... Il y en a bien assez pour deux sur ses terres!
- J’ai peut-être la solution à votre problème, mais cela vous demandera aux deux des concessions. Cette chatte, Oeil de la Prairie est trop faible pour défendre son territoire qui regorge de proies tandis que toi, Ventre Sans Fond tu manques de nourriture sur le tien, mais si tu étais en pleine forme, tu pourrais défendre des terres contre le plus féroce adversaire. Faites terre commune. Le mâle s’occupant de défendre la terre et ayant accès au gibier tandis que la femelle garde ses terres tout en ayant quelqu’un pour les défendre. Le seul inconvénient c’est que vous êtes tous les deux très faibles. Alors si cela ne vous dérange pas, le temps que Ventre Sans Fond se remette sur pied, je vais chasser pour lui et défendre les terres pour toi Oeil de la Prairie.
- Je n’y avait pas pensé, mais toi le mâle, tu me plais! s’exclama Ventre Sans Fond.
- Cela me va aussi! affirma Oeil de la Prairie.
- Mon nom est Petit Coeur.
- Petit Coeur? Coeur Étoilé serait plus fidèle. Tu viens de rendre l’espoir, de nous guider comme le font les étoiles vers un chemin de solution à nos problèmes! déclara Oeil de la Prairie.»

Dés lors, Petit Coeur se nomma Coeur Étoilé. Il resta dix lunes avec ses deux compagnons. C’est au cours de cette lune qu’un solitaire lui laissa une vilaine balafre au visage le marquant à jamais.

Pendant son pèlerinage qui dura plusieurs longues lunes, Coeur Étoilé démêla plusieurs problèmes et en vint parfois aux armes.

Son pèlerinage l’amène maintenant sur les terres que se disputent le Clan du Vent, le Clan du Tonnerre, le Clan de l’Ombre et le Clan de la Rivière guidés par le Clan des Étoiles...