De nouveau réunit...Mais c'est différent maintenant [pv Trèflou ♥]

Je croisais son regard en attendant une réponse. Il semblait hésiter. Peut être avait-il déjà prévu autre chose ? Tige d'Éphèdre venait tout juste d'avoir un nouvel apprenti - Nuage Hivernal. Un sourire se dessina au coin de mes lèvres ; je m'imaginais parfaitement à sa place, le novice allait en baver. Le guerrier releva la tête brusquement.

« Oui je le veux espèce de cervelle de pigeon !...pardon.. Enfin je veux dire oui je suis partant si bien sûr en même temps on peut chasser.»

Je levais les yeux au ciel. Je m'étais habituée à ce genre de réponse. Tige d'Ephèdre toussa violemment ; je le fixais d'un oeil inquiet. Depuis que je n'étais plus son apprentie, j'avais remarqué qu'il avait changé. Ses pattes tremblaient légèrement, il n'arrivait pas même à marcher droit. Je ne pu m'empêcher de rire, ce qui apparemment ne lui plus pas. Il s'éclaircit la gorge et me demanda sérieusement :

« Tu penses quoi de ton ancien mentor ?»

Je haussai un sourcil. Tout d'abord, il n'avait pas précisé sa question, de quel mentor parlait-il ? J'avais eu en effet trois mentors - Envolée du Héron, Dent de Sabre et lui. Et j'avais perdu les deux autres. Je mordis ma lèvre pour m'empêcher de pleurer, puis respirait profondément. On m'avait tout pris ; ma famille, mes mentors. Il ne me restait plus que lui. Et si je le perdais, lui aussi ?

— Je...

Je tournais la tête, les yeux remplis de larmes. J'avais besoin de temps pour me reconstruire. Je serrais les dents, puis le regardais de nouveau. Je considérais Tige d'Éphèdre un peu comme ma famille. Oui, je tenais à lui.

— Mon dernier mentor était parfait, lançais-je.

Même si au fond il m'avait agacé plus d'une fois, il était parvenu à faire de moi une guerrière. Je ne le remercierais jamais assez pour ça. Et moi, est-ce que j'avais été une apprentie parfaite, aussi ? Que pensait-il de moi ?

Tige d'Ephère me regarda, visiblement surpris.

— D'accord...

Il n'avait pas l'air enthousiaste. Je le comprenais, c'était une marche longue qui nous attendait. Tout ça pour voir une grotte sombre et sans vie. Je regrettai presque mon choix, mais c'était important pour moi d'y aller. L'esprit tourmenté, j'avais presque oublié la présence du guerrier. Je me rapprochai de lui, puis calai mon rythme de marche sur le sien.
Les arbres se raréfièrent, lassant place à de la roche. Je levai le museau, puis distinguai les montagnes se dessiner au loin. La grotte n'était, heureusement, pas aux sommets de ces dernières. Le sol était dur et à chaque pas, mes coussinets hurlaient leur douleur. Je serrai les crocs, essayant de penser à autre chose. Je tournai la tête, croisant le regard de Tige d'Éphèdre. Il n'avait pas prononcé un seul mot depuis le départ - ce qui ne lui ressemblait pas. Peut être m'en voulait-il d'avoir choisi une destination aussi loin ? Je mordis ma lèvre, puis fixai le sol.

À quelques longueurs de queues de l'entrée de la grotte, Tige d'Éphèdre s'arrêta, hésitant. Il gardait toujours le silence. Alors que j'ouvris la gueule pour lui proposer de rester à l'entrée, il s'engouffra dans la grotte sans un mot. Je soupirais. Les mâles sont vraiment incompréhensibles. Je jetai un coup d'oeil derrière moi pour vérifier qu'il n'y avait aucun danger, puis pénétrai à mon tour dans la grotte. J'écarquillai les yeux, attendant que je m'habitue à l'obscurité. La grotte était toujours aussi mystérieuse ; des stalactites décoraient les parois, et il y avait toujours cette odeur suffocante. Je m'élançai vers Tige d'Éphèdre, faisant résonner chacun de mes pas sur la roche dure.

— Tout vas bien, Tige d'Éphèdre ?

Je m'étais assise proche de lui attendant sa réponse. Il me regarda brusquement, son regard me sembla vide un instant. Je fronçai les sourcils. Il me cachait quelque chose, et il n'osait pas me le dire. Pourtant, je pensais qu'il avait toute ma confiance, et vice versa. Je levai la queue, impatiente.

— Oui, je crois...

C'est tout ce qu'il avait à me dire ? Je le connaissais tellement bien. Je voyais qu'il hésitait, et qu'il était mal à l'aise - très mal à l'aise. J'étais incroyablement surprise, je ne l'avais jamais vu dans cet état pareil. Où était donc le vrai Tige d'Éphèdre, le guerrier qui avait confiance en lui ? Ce n'était en tout cas pas celui qui était en face de moi. Je soupirais. La tension qu'il y avait entre nous s'amplifia ; il était clair que ce qu'allait me révéler mon ancien mentor allait sans doute me bouleverser, vu que lui même avait du mal à le supporter. Je serrai les dents quand il ouvrit la gueule, prêt à annoncer ce qu'il avait à dire.

— Trèfle Eternel...je dois t'avouer quelque chose...Tu sais, a chaque fois que je te vois, je me sens bizarre, les fois où je te vois dans la clairière, je ne peux pas ne pas te regarder. Je sais que tu es mon ancienne apprentie et que tu va sûrement pas comprendre mais...Je t'aime, oui, je t'aime Trèfle Eternel.

Des frissons parcoururent mon corps, de la tête au bout de la queue. Je ne m'attendais pas du tout - quoi qu'un peu - à sa réponse. Mais les choses paraissaient bien plus claires. Son comportement était si différent, j'avais l'impression de trainer avec quelqu'un de distrait, rêveur. Sa réponse me coupa tout de même le souffle. J'avais l'impression de l'aimer, et de le détester à la fois. Je m'en voulais aussi. Pourquoi fallait-il qu'il s'intéresse à moi ? J'eu un léger sourire. Peut être que j'avais de quoi être intéressante. Milles choses bouleversaient mon esprit, au point de me donner mal à la tête. Je lâchai, au bout de quelques minutes :

— Quand j'étais apprentie, c'est ici que Nuage de Lion m'a avoué qu'il m'aimait. Tu t'en souvient ? Il-est-mort.

Une vague de tristesse s'empara de moi. Je dus luter de toute mes forces pour pouvoir continuer.

— J'AI TOUT PERDU, TIGE D'ÉPHÈDRE, TOUT ! Avais-je hurlé, si fort que la grotte vibra.

J'étais surprise de la force de ma voix. J'avais aussi changé, je n'étais plus la femelle joyeuse et un peu timide, mais quelqu'un qui vivait dans les remords et qui avait peur qu'on l'aime. Oui, j'avais peur qu'on s'attache à moi. Quelque chose séparait Tige d'Éphèdre et moi. Pourtant... Je ressentais de l'admiration envers Tige d'Éphèdre. Je secouais la tête ; non il n'avait rien de spécial. Une autre voix me murmurait le contraire. J'avais envie de hurler. Le guerrier m'avait tourné le dos, mais je n'eu aucun mal à me mettre face à lui.

— J'ai besoin que tu me promettes quelque chose, Tige d'Éphèdre. Que tu ne m'abandonnes jamais. Jamais.

C'était un peu une déclaration aussi, mais sous une autre forme. Je fus d'abord fière de moi, mais la nostalgie me rattrapa aussi vite qu'elle avait disparue.