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| Départ contesté et déchirant [PV Museau de Givre] | |
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Fleur de Nuit Admine
Lieutenante ombreuse
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Autre(s) personnage(s) : Cieux Orageux / Le Philosophe / Petit Honneur
Amour : Sous les étoiles et la lune, nous sommes infinis. Nous avons tant parcouru et partagé, les limites sont brisées. Je te revois petit, et les souvenirs me rattrapent. Te voilà grand et fier, à la hauteur des limites de ton cœur. Je ne t’aimerai jamais assez. Le Temps nous manque. Bel Amour, soyons éternels. Soyons la preuve que l’éternité existe.
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| Sujet: Départ contesté et déchirant [PV Museau de Givre] Mar 15 Avr - 20:10 | |
| Il était temps de tirer sa révérence. Une brève révérence, mais une révérence tout de même. Plus le temps passait, plus son cœur s’enserrait et s’alourdissait. Paradoxalement, il s’envolait et s’allégeait aussi. D’une part, ses membres s’engourdissaient, ses mouvements perdaient de leur souplesse et arboraient la lassitude d’un corps trop vieux. D’un corps portant la vie. Les émotions la taraudaient nuit et jour, ne lui laissant aucun instant de répit. Elle avait trahi son Clan, ses consœurs et confrères, les gens qu’elle aimait. Elle les avait reniés au nom d’une nuit, en l’honneur d’une seule et simple nuit. Une nuit d’amour, de délivrance, de quiétude sereine. Au nom de l’amour, aussi. Renier était un mot relatif, selon si l’individu se basait sur les lois ancestrales claniques ou si, comme elle, il se référençait à une force des plus ultimes et aux desseins imprévisibles. Elle voulait crier sa douleur, hurler son pêché, éructer sa peine. Seul le Clan des Étoiles savait à quel point elle les respectait, ces guerriers étoilés. Combien sa vie reposait en leur pouvoir. Une épée de Damoclès planait au-dessus de sa tête.
Elle partirait ce soir, sous les yeux de son éternelle protectrice. Elle partirait comme une exilée, ne laissant aux autres aucun temps pour se poser des questions. Elle partirait loin, dans un endroit éloigné, leur endroit à eux. Elle ne pouvait rester, pour elle, pour lui, pour eux. Elle se sentait honteuse, damnée. Pourtant. Pourtant, elle n’aurait jamais dû se sentir ainsi. Elle aurait dû resplendir de bonheur, de joie et uniquement d’une chaleur maternelle annonciatrice. Ces derniers temps, c’était tout cela avec un mélange d’horreur, de honte, de tristesse… Elle se penchait sur ce côté sombre, puis sur le côté lumineux. Se déplaçait entre ces zones avec une volatilité d’experte. Si ses proches se doutaient qu’il se produisait quelque chose chez elle, c’était la vérité et tout à fait normal. Elle tentait de tout cacher, de dissimuler son esprit vagabond, sa distraction, sa fatigue, mais par-dessus tout, sa langueur. Elle tentait. Cela ne signifiait point qu’elle réussissait. Au final, elle n’est qu’amour et sagesse. Que bienveillance et empathie.
À travers les ombres tombantes, sa petite silhouette traversait le camp à pas rapides et saccadés. Eux grandissaient, la lieutenante peinait à se déplacer avec légèreté. Son réflexe revenait à se mouvoir tel un chat en traque, ou une vieille carcasse dont la mort gruge les muscles. La belle blanche et noire se trouvait à être les deux. Sa fourrure longue et encore épaisse du passage de la saison froide – qui persistait à s’accrocher – réussissait à cacher la forme de son abdomen. Sans ce pelage ni ces minuscules êtres bagarreurs, un fi observateur aurait pu apercevoir des côtes saillantes. La pauvre vétérane s’était privée pour les autres, ces dernières lunes, tout en mangeant une quantité minimale de chair afin de préserver ses trésors, ses bénédictions du ciel. Le guérisseur aurait pu l’avertir et la tenir à l’œil, si seulement la vieille féline le lui avait annoncé. Museau de Givre, ami de longue date suite à sa première gestation difficile, devait se douter. Il avait un œil de lynx et un instinct hors pair. Fleur de Nuit ne pouvait imaginer sa réaction, s’attendant déjà à une réponse impulsive et, peut-être, agressive. Fleur de Nuit n’en avait parlé à personne, pas même à Rivière de Fleurs et Étoile de la Nuée. Encore moins à au gardien perpétuel du camp, Cieux Orageux, qui l’observait à chaque fois d’un regard terne lorsqu’elle louvoyait hors du camp. Elle se sentait mal, si mal. La nausée la happerait tôt ou tard. Trop d’anxiété, trop de peur face à son fidèle camarade.
Claudiquant légèrement, sa hanche blessée il y a quelques temps lui imposant une démarche bancale, la lieutenante entra dans la tanière du matou guérisseur.
Elle n’avait en aucun cas parlé à sa fille de cœur, sachant pertinemment qu’elle la retiendrait ou l’accompagnerait, peu importe l’opinion de ses guerriers. Il ne fallait jamais prédire les réactions d’un être vivant – celles d’un mort sont relativement plus aisées -, car celui peut surprendre. Toutefois, lorsque cet individu, vous le connaissez sous toutes ses facettes, il peut être facile de prédire. Prédire… Il y a place à la surprise. Étoile de la Nuée, par le Clan des Étoiles qu’elle l’aimait. Sa toute première fille. Son apprentie. La laisser derrière alors qu’elle peinait à se remettre de l’absence de Sombre Secret déchirait son cœur de mère. Elle n’en avait aussi glissé aucun mot à sa fille. Une bonté égalant celle de sa mère, Rivière de Fleurs voudrait lui porter une patte secourable, l’accompagner dans ce moment et s’assurer qu’elle en sortirait indemne. Oh, sa grande fille, comme elle l’aimait aussi. Comme son fils lui manquait, comme son Premier lui manquait… Si ces deux âmes pures venaient à apprendre pour eux, pour elle, Fleur de Nuit s’en voudrait éternellement. Ce fardeau était le sien.
Des larmes silencieuses sillonnaient son visage clairsemé d’argenté, signe de sa vieillesse grandissante.
- Museau de Givre, mon vieil ami?
Personne aux alentours, aucun patient sur les nids de mousse séchée. Aucune oreille indiscrète.
- Je pars du Clan pour quelques lunes.
Le chaleureux matou n’était pas en vue, mais Fleur de Nuit savait qu’il était dans son antre, fidèle à lui-même. Elle s’assit non loin d’une paroi de pierre, s’embaumant des effluves de ce havre de paix et de sérénité. Combien d’heures avaient-elles passé ici afin de retrouver ses esprits? Combien y avait-elle aidé le matou tricolore, entièrement et complètement redevable? Ses larmes, vestiges de désir et de regret, poursuivaient leur course effrénée. Ces larmes silencieuses étaient le simple témoignage de sa culpabilité. Mais elle devait le faire pour lui et pour eux. Elle ne pouvait faire demi-tour. La grande et forte Fleur de Nuit aurait voulu être à ce moment, mais la petite et coupable prit la place. Sa petitesse était soudainement marquante, et assise de la sorte – car dans certaines positions, il était clair qu’une portée nombreuse grandissait en elle -, il n’y aurait aucun doute. Il verrait. Il comprendrait. Il devait comprendre. Il déduirait qu’il ne lui restait que quelques semaines courtes et brèves. Deux, tout au plus.
Sa voix douce se cassa.
- Je suis désolée, tellement, tellement désolée… Je n’aurais jamais cru, crois-moi.
Sa voix douce se brisa. Complètement.
Ses prunelles vertes cherchaient un ciel nocturne invisible, sa voix s’effrita dans sa gorge. Elle aurait voulu tant lui dire. Il ne devait poser aucune question, mais elle ne connaissait trop bien. Elle aurait voulu lui dire que ça avait été la nuit la plus authentique et véritable depuis des lustres. Qu’elle aimait infiniment le père de ses enfants à naître. Que c’était un honneur que le temps lui offrait. Qu’elle n’aurait pas voulu en arriver là. Qu’elle aurait voulu que ce moment soit en la compagnie de tous les êtres aimés. Qu’elle s’inquiétait pour eux. Qu’elle avait ressenti récemment un élancement anormal. Qu’elle avait de plus en plus de difficultés à supporter ces précieuses vies. Qu’elle ne voulait les mettre en aucun cas en danger, jamais plus comme à l’Assemblée. Qu’elle les aimait, ses petits, son Clan. Son Bel Amour.
Mais ce serait trop.
Plus vite la vieille chatte flétrissante partirait, mieux ce sera. Elle pleurerait et elle hurlerait loin d’eux, à l’abri des regards haineux, des yeux choqués par cette incartade. Elle serait près de lui, contre son corps protecteur et ferme, solide et chaleureux. Son effluve l’envouterait, elle se perdrait dans ses yeux d’ambre. Elle pourrait partager sa douleur, ses inquiétudes avec lui. Il comprenait, toujours. Ô Bel Amour.
Fleur de Nuit semblait des plus démunies, et elle l’était.
Il devait comprendre, son ami. C’était une obligation. Elle aurait besoin de sa parole.
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| | | Museau de Givre Guérisseur
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| Sujet: Re: Départ contesté et déchirant [PV Museau de Givre] Ven 25 Avr - 7:19 | |
| La saison des feuilles mortes touchait à sa fin. Le temps se radoucissait petit à petit, mais en tant que guérisseur, Museau de Givre savait qu’il fallait se méfier. La lune qu’ils traversaient pouvait réserver bien des surprises. Après tout, les années précédentes, il était déjà arrivé qu’il neige à cette période. Sa réserve de remèdes était donc bien pleine. L’hiver n’avait pas été trop rude et les malades n’avaient pas autant afflué que quelques fois dans le passé, celle-ci n’avait donc pas eu réellement besoin de se faire remplumer. A peine avait-il eu besoin de faire le tri parmi ses plantes, histoire d’enlever les plus abimés, les moins fraiches. C’était donc tranquillement que le matou se reposait, dans sa tanière. Elle était vide de tout malade et comme il n’avait toujours pas réussi à trouver d’apprenti, il y était seul. Même si cela pouvait lui peser, il voyait en cette solitude quelque chose de reposant. Ainsi, il avait tout son temps pour s’occuper correctement de ces tâches quotidiennes. Et de lui-même, d’ailleurs. Toute sa jeunesse durant, il s’était oublié pour prendre soin de son clan. Maintenant, il en payait le prix fort. Ce n’était que les débuts et les remèdes qu’il se préparait de temps en temps l’aidaient bien, mais ses articulations s’engourdissaient. Il éprouvait de plus en plus de mal à sortir son corps de sa torpeur, le matin venu. S’il voulait ne pas rejoindre les rangs des anciens trop vite, mieux valait qu’il se préserve un minimum, au moins pendant son temps de libre.
Ce n’est que lorsqu’il entendit des pas vers son antre qu’il s’éveilla. Le temps que le nouveau venu arrive, il passa un coup de langue sur son poitrail. C’était l’avantage de dormir depuis des lunes et des lunes dans la même tanière. Il arrivait à deviner si les membres de son clan venaient vers lui ou ne faisaient que passer. Cette fois, à la différence des autres, il ne réussit pas à bien apprécier la distance qu’il restait à son visiteur -une question de pas-, si bien qu’il, ou plutôt elle, se mit à parler avant que le guérisseur n’apparaisse. Alors que Fleur de Nuit l’interpelait, il ouvrit la bouche pour lui répondre mais elle ne lui laissa pas le temps de dire un mot. A l’entente de sa deuxième phrase, les sourcils du matou se froncèrent. Que se passait-il donc ? Il s’avança d’un pas léger dans son antre. L’œil habitué à l’obscurité ambiante, il réussit à percevoir la vétérane. Elle avait le visage baissé et les yeux fermés. Vu l’état dans lequel se trouvait être la femelle, le visage de Museau de Givre se fit plus dur. Si sa phrase n’avait pas été celle qu’elle venait de prononcer, sûrement que son attitude n’aurait pas été la même, que l’inquiétude aurait primé sur le reste. Mais ce n’était pas le cas. Toujours dans l’ombre, il prit quelques secondes pour mieux observer Fleur de Nuit. Quelque chose clochait, mais il n’arrivait pas encore à mettre la patte dessus. Alors que la lieutenante parlait pour la troisième fois, il se décida à sortir et se dirigea vers elle. Il ne pouvait empêcher son cœur de se serrer en la voyant ainsi, malgré la colère qui le rongeait. Elle semblait tellement abattue que de vieux souvenirs lui revinrent en tête. Il se remémora cette mise bas si difficile, sa première. Les mots et les agissements de la chatte lui avaient tant fait de peine qu’aujourd’hui encore, il en était bouleversé.
Alors qu’il se trouvait à quelques pas de la femelle, la vérité le frappa. La honte le submergea quand il se rendit compte qu’il n’avait pas vu les choses avant : s’il en croyait son œil de guérisseur -et celui-ci ne se trompait pour ainsi dire jamais-, Fleur de Nuit attendait des petits. A peine fut-il a ses côté que sa voix dure résonna dans l’air.
- Tu comptes les faire où si tu pars ?
Bien sûr, cette phrase ne laissait planer aucun doute : il avait deviné et comptait bien le lui faire comprendre. Ce n’était pas parce que la lieutenante était leur lieutenante, qu’elle était plus âgée et qu’il était guérisseur qu’il devait lui répondre « Je vais voir comment on peut s’arranger ». Certes, il lui devait le respect, mais s’il estimait qu’elle mettait sa santé en danger, peu importe les moyens employés, il ferait tout pour la remettre sur le droit chemin.
- Parce que c’est bien de ça dont il s’agit, n’est-ce pas ?
Son regard était sévère sur elle. Sûrement que jamais elle n’avait vu le guérisseur avec une telle lueur dans les yeux. Autant pendant la grossesse d’Etoile de la Nuée, il avait dû durcir quelque peu son caractère pour que celle-ci veuille bien mettre en application ses conseils, autant là, tout était différent. A l’âge de la vétérane, c’était déjà fou d’avoir des petits, alors si en plus, c’était pour aller les faire le Clan des Etoiles seul savait où, c’était carrément du suicide.
- Puis je suppose que vu l’état dans lequel tu es et ton intention de quitter le clan, la question ne réside pas que dans le fait que tu attendes des petits.
Pas une seconde il ne lâcha Fleur de Nuit des yeux. Il n’était clairement pas content de ce qu’elle cachait et même s’il n’avait pas toutes les informations entre ses pattes, il se doutait que l’affaire était grosse, vraiment très grosse. Silencieusement, le guérisseur attendit donc qu’elle s’explique, bien décidé à ne la laisser quitter les lieux que quand il aurait décidé qu’elle le pouvait.
[Désolée du retaaaaaaaard T_T J'avais dis la semaine dernière, mais ça a été la folie et j'avais pas prévu d'être autant fatiguée...] | |
| | | Fleur de Nuit Admine
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| Sujet: Re: Départ contesté et déchirant [PV Museau de Givre] Sam 26 Avr - 20:37 | |
| Ce ne fut pas sa présence soudaine à son côté qui la troubla, mais plutôt la question cinglante et pourvue de eu de tac qui vint la heurter de plein fouet. Fleur de Nuit savait que même lui, gentil guérisseur, pourrait épreuves de rares colères. Mais Museau de Givre, attaquer par les mots et ainsi blesser volontairement? Malgré son âge avancé, elle ne le connaissait après tout aucunement, ce matou. Elle n’avait encore vu sa face cachée. En pleine connaissance de cause, la belle fut blessée profondément par ces mots. Cette simple interrogation. Ses larmes ne se tarirent nullement. Elles redoublèrent leur course effrénée. Un pieu, une douleur de plus dans sa poitrine. Peut-être qu’elle n’aurait pas dû venir le voir. Elle aurait dû partir telle une ombre, sans laisser de traces, sans préambule ni au revoir. Cela, c’était contre ses valeurs et ses principes. Voilà précisément pourquoi la vieille lieutenante au corps gémissant avait rendu visite à ce vieil ami. Elle avait sous-estimé ses qualités de guérisseur. Bien sûr qu’il ne la laisserait jamais partir. Où allait-elle mettre au monde ses enfants? Le sang de son sang, le résultat d’un Amour ancestral. Où? Là où la nuit l’emporterait. Là où ils ne pourraient la rejoindre, là où elle serait tranquille et sereine, là Il serait présent. Là où la Nature voudrait amorcer la machinerie de la vie. Elle avait besoin de ce recul, pour son bien moral et psychologique. Pour préserver ses trésors de préjugés potentiels. Larmes poursuivaient leur cavalcade silencieuse. Par contre, elles s’échappaient de deux yeux verts fermes et impératifs. Sans retour. Bien sûr qu’il avait raison, bien sûr. Comme toujours. Mais elle avait tout de même réussi à le borner durant le deux tiers de sa grossesse. Petite victoire. Fleur de Nuit aurait voulu d’une étreinte chaude et réconfortante. Par le Clan des Étoiles, elle avait besoin d’une force incroyable pour lui répondre. Il enchaîna, puis enchaîna.
- Puis je suppose que vu l’état dans lequel tu es et ton intention de quitter le clan, la question ne réside pas que dans le fait que tu attendes des petits.
Il lui fallait une force d’entité pour ne pas se briser entièrement devant lui. Fleur de Nuit était plus que ça. Nul ne lui parlerait de ses enfants ainsi. Même si c’était pour son bien. Avec un tel regard dur et une voix tranchante comme des griffes, la vétérane n’avait aucune envie de lui répondre. Elle soutenait ses prunelles, férocement, protectrice envers ces êtres vivants en elle, comme une vraie mère surveillant ses chatons. Paradoxe : des chatons nullement nés. Comme une belle protégeant son Amour. Elle ne voulait aucunement lui parler de… Lui. Il était son secret, son pêché, son bonheur, sa joie de vivre, son souffle. Son cœur. Il y a longtemps qu’il aurait cessé de battre, cet organe. Vivre pour ses enfants de cœur, vivre pour ses amours de cœur, vivre pour ses frères et sœurs de cœur. Sans cela, sans cette capacité à aimer, Fleur de Nuit aurait perdu. Tout. Elle aurait passé le voile et découvert un nouvel univers. Pour le moment, ce monde-ci réclamait sa présence à grands cris. À force de devoirs, de souffrances et d’évènements improbables. De miracles. La vie ne voulait pas son départ immédiat. Museau de Givre ne comprenait-il point ce fait? Cet ordre de la nature? Elle avait procréé pour une seconde fois dans sa longue existence. Pourquoi et comment? Cela restait reclus dans les archives du destin. À un point telle de la vieillesse, la fécondité disparait, le pouvoir de supporter d’autres vies devenait impossible. L’impossible était-il devenu possible? Nul ne le savait, à cet instant précis. Pas Museau de Givre, pas Fleur de Nuit, personne. Peut-être que ces enfants seraient tous morts-nés. Peut-être qu’ils ne vivraient que quelques jours. Peut-être qu’elle ne mènerait pas à terme. Peut-être que la mise-bas lui volerait son dernier souffle, ses dernière force. Peut-être, peut-être, peut-être. Elle n’en pouvait plus, la pauvre mère. Elle n’en pouvait plus. Le visage contorsionné par ses pleurs, une grimace ajouta au portrait alors que trois coups de patte frappaient l’intérieur de son ventre. Trois, un après l’autre. Ils n’aimaient pas ressentir de telles émotions, on dirait. Tout ce chamboulement pouvait aussi bien provoquer un travail prématuré. Très probable vu son âge improbable et avancé. Fleur de Nuit respira profondément, se pencha un peu vers son ami qu’elle ne reconnaissait que très peu. Elle respira encore après un autre coup dans l’abdomen, puis réussit à parler. Sa voix, étrangement, fut ferme. Infléchie.
- J’aurai mes petits loin d’ici, en sécurité. Tu n’as pas ton mot à dire sur le sort que je donnerai à ma vie. Je les protège, eux. Les guerriers de jadis décideront de leur fin, et de la mienne aussi. Je vivrai pour eux.
Elle inspira profondément. Encore et encore. Les larmes séchaient petit à petit. Elle inspira encore. Partir tout de suite? Passer au pas de course devant le matou? Non, jamais. Fuir n’était la solution d’aucun problème. Partir pour revenir ensuite, oui. Mais pas maintenant. Fleur de Nuit paraissait si petite et démunie, vue ainsi dans un tel état. Pourtant, une aura de détermination se dégageait de son corps béni. Fragile, cassable. Sur le bord de la falaise, pouvant se jeter dans un vide sans fin à tout instant. Et pourtant, pourtant! Ô combien elle puisait dans ses réserves, ses dernières forces et motivations. L’âge l’empêchait de vivre pleinement ce moment exquis qu’était la gestation. Elle aurait tant voulu… Voulu tant de choses. Elle inspira encore. Cette nuit, la locution était laborieuse.
- Je n’en peux plus, Museau de Givre. Je reviendrai. Mais je n’en peux plus. Je… Tu sauras. À un moment, lorsque je reviendrai, tu sauras. Ne m’oblige pas à parler. Je ne parlerai point. Je ne suis pas prête. Je n’en peux réellement plus.
Elle n’en pouvait plus… De quoi? Du poids. Du poids physique et mental. Elle devait se ressourcer. Prise d’une soudaine faiblesse, la vieille chatte bicolore vacilla un peu avant de s’étendre sur le sol. Certes, la reine s’était privée de viande ce soir, pour l’offrir plutôt à d’autre. Ils devaient la trouver un tantinet trop nourri, les fins observateurs. Tout ça pour un mensonge. Tout ça pour préserver l’image d’une vieille lieutenante fatiguée par une dure journée. Elle n’avait cessé de le fixer, le guérisseur. Jamais. Même en le regardant du bas, elle ne fixait intensément. Il la chérissait trop. Il fallait qu’il lâche prise. Un peu, qu’il laisse sa colère de côté. Fleur de Nuit ne courrait pas vers sa mort. Elle y marchait. Il n’avait pas à s’inquiéter. De toute manière, son âme commençait à peser dans la balance, l’encapuchonnée devrait bientôt la récolter.
- Je t’en supplie, promets-moi que tu ne me suivras pas. Que tu prieras pour moi. Pour mes enfants. Pro…
Un gémissement coupa sa phrase. Le coup donné avait été d’une telle force qu’un rein en avait pâti. Un élancement lui vrilla le bassin, son rythme cardiaque s’accélérant. Du calme, petits trésors, du calme. Maman respira, maman inspire. Fleur de Nuit lécha son ventre rebondi dans une veine tentative de réconfort et de détente. Les petits n’aimaient définitivement point la tournure de cette conversation. Ils étaient dotés d’une âme sensible, alors. Ses petits, ses amours, ses souvenirs d’une nuit d’Amour.
- Promets.
Suppliant, déchirant, puisant dans son amitié. Elle étira sa tête, la frotta contre le poitrail du matou tricolore. Puis revint masser à coups de langue son ventre rebondi. Cet endroit était véritablement le seul où elle aurait pu agir de la sorte. La tanière des guerriers était proscrite de la liste. En public, encore moins. Fleur de Nuit espérait qu’aucune âme malade n’arriverait. Elle ne pourrait supporter. Une larme, deux larmes. Le vouloir d’évasion et de paix, la peur de l’arrivée d’un imprévu. L’horreur et le bonheur de la vie. Langueur. Effroi et désir incontrôlable de donner la vie. Appréhension et anticipation. Tout cela se bousculait dans son être, coulait dans ses veines et nourrissaient son état d’âme. Et ses enfants. Les reposait ou, dans ce cas-ci, les dérangeait. Combien attendait-elle de petites vies? Combien? Elle n’oserait pas lui demander. Il ne voudrai pas, avec une telle émotion.
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| | | Museau de Givre Guérisseur
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| Sujet: Re: Départ contesté et déchirant [PV Museau de Givre] Jeu 12 Juin - 1:34 | |
| Il est des rôles qu’on ne veut pas endosser. Parce qu’on doit se mettre à dos ses amis, ses enfants, ses parents. Ils ne comprennent pas que c’est de l’inquiétude, que c’est une façon de prouver son attachement, son affection à un proche. Ce jour-là, Museau de Givre avait une de ces mauvaises places, qui lui donnaient envie de tout laisser tomber pour partir loin de ces histoires trop compliquées pour son âge. Fleur de Nuit attendait des petits, d’un illustre inconnu et comptait les mettre au monde le clan des Etoiles seul savait où. Si c’était trop pour la reine, c’était aussi beaucoup pour le guérisseur. Depuis qu’il avait rejoint cette tanière là, au lieu de suivre ses camarades dans celle des guerriers, il avait passé un certain nombre de savons à un certain nombre de chats. Mais celui-ci était plus difficile encore que les autres. La lieutenante semblait si faible, si chétive, si fluette qu’hausser le ton contre elle lui paraissait impossible. Et pourtant. C’était son rôle, oui, son rôle. De passer pour le méchant alors même qu’il était le plus sage de l’histoire. Il l’assumait. Avait-il le choix de toute façon ? D’une voix aussi dure que possible, il lui demanda où comptait-elle mettre bas et si c’était la seule raison de son départ. Les éclairs qui naquirent dans les yeux de la reine lui firent froid dans le dos. Un instant, sa volonté vacilla, mais bien vite, il se reprit. Pour le bien de la chatte, il se devait d’être fort et impartial. Il pria juste pour qu’elle le comprenne. A peine quelques secondes plus tard, Fleur de Nuit lui répondit qu’il n’avait rien à dire sur sa vie, qu’elle la menait comme bon lui semblait, pour protéger ses petits et rien d’autres. Cette phrase lui fit penser à une réflexion qu’il se faisait souvent. Aussitôt, le matou la formula tout haut. - Je n’ai pas mon mot à dire sur ta vie... Tu as bien tort Fleur de Nuit... Tes petits, ils grandissent à l’intérieur de toi, en ton sein. Les miens, ils naissent, grandissent et vieillissent dans le clan. Vous êtes tous mes petits. Tu dis que tu fais ta vie en fonction d’eux ? Pour les protéger ? J’en fais de même. TU es ma petite, JE te protège en étant dur. Toi et les vies que tu t’apprêtes à mettre au monde. Eux aussi sont mes petits.Cette dernière phrase, le matou la prononça en essayant de lui faire passer un message. Oui, un message pour qu’elle comprenne qu’une vie, c’est une vie, peu importe son origine, peu importe les circonstances de sa venue au monde. Allait-elle le comprendre ? Le guérisseur l’espérait du fond du cœur. Par la suite, la lieutenante ne cessa de répéter qu’elle n’en pouvait plus, mais les mots n’avaient pas besoin d’arriver à ses oreilles pour que le vieux chat en saisisse le sens. La faiblesse transpirait par tous les pores de la chatte. Chaque inspiration, chaque expiration trahissait sa faiblesse, sa lassitude, sa fatigue, d’autant plus quand elle s’écroula au sol. Le cœur de Museau de Givre se serra violement. La vie était injuste, vraiment trop injuste. Il savait qu’il allait être le méchant de l’histoire, mais la vétérane devait à tout prix comprendre qu’elle s’apprêta à emprunter un chemin plus que difficile. Il ne l’empêcherait pas de prendre sa décision. Pour le coup, ce n’était réellement pas son rôle. Mais il comptait bien lui mettre toutes les cartes devant les yeux avant qu’elle ne décide de faire ceci ou cela. - La situation est plus compliquée que ça Fleur de Nuit. Il ne s’agit pas simplement de promettre une chose ou l’autre ! Comprends-tu, au moins, dans quoi tu te lances ? Ce n’est pas juste aller se promener en forêt pendant quelques jours, histoire de prendre l’air. Je ne te rappelle pas ton âge, ni ton rang, mais j’espère que tu as bien toutes ces informations en tête. As-tu conscience de l’inquiétude que tu vas semer dans le clan ? As-tu conscience de l’état dans lequel tu vas laisser Etoile de la Nuée ?Un instant, il suspendit son discours pour laisser le temps aux mots d’aller jusqu’au cœur de la chatte. Puis il reprit. - Si tu me réponds que oui, tu as pensé à tout, si tu me réponds droit dans les yeux, alors je te promettrai. Je te promettrai même de te couvrir. Mais Fleur de Nuit, s’il t’arrive quoique ce soit parce que tu as eu l’imprudence de ne pas tenter de rester au camp et de te faire accepter par les tiens...Une hésitation. Une inspiration. La sentence. - ... Je ne te pleurerai pas.Le verdict était tombé. Même à lui, il lui faisait mal, mais il se força à ne rien laisser paraitre. Cette vieille amie, qu’il connaissait depuis si longtemps maintenant, il la battait à froid. Mais c’était nécessaire, il en était sûr. Et puis peut-être qu’une fois la colère de celle-ci passée, elle comprendrait ? *Clan des Etoiles, entendez ma prière... Faites que les évènements à venir se passent pour le mieux... !*- Hors RP:
[Je te présente mes excuses pour ce retard infini... Je ne t'ai pas oubliée, mais j'ai eu beaucoup, beaucoup -trop !- de choses à faire... La fin d'année est terrible. Trop de dossiers à rendre, trop de boulot, trop de fatigue... C'est pas bon pour le RP tout ça xD ! Mais voilà ma réponse. J'espère qu'elle te plaira !]
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