Quand ton coeur éclate ..

Pv Echo des Flammes.

Etalé par terre, à l'ombre du promontoire. Phénix était seul. Il regardait la pierre grise et dure devant lui et laissait vagabonder ses pensées.

Son baptême remontait à deux aubes. Il se sentait fier de porter le nom de Nuage. Il était heureux de pouvoir enfin servir son Clan et de devenir le meilleur guerrier qui soit. Il savait qu'il pouvait réussir. Il avait de l'ambition, une volonté de fer, mais peut-être ne pensait-il pas comme il faut. Etre autoritaire envers ses camarades ne ferait pas forcément de lui un bon meneur. Et puis il aimait trop braver l'interdit. C'était comme inné en lui. Les lois étaient idiotes. Il était bien plus intelligents que quelques paroles anciennes. Il avait envie de bâtir un monde. Ouvert, où les souris appartiendraient à tous le monde. Ou la terre n'appartiendrait qu'à elle. Ou les gens étaient lucides et pleins d'espoir. Il était lucide et plein d'espoir.

Mais il ne le savait pas. Son esprit était celui d'un grand chaton, qui n'arrivait pas à former des pensées aussi concrétes. Alors il se contentait de ressasser les paroles de Nuage de Lapin qui le rongeait de l'intérieur. Et il avait la certitude que ce dernier n'avait pas mentit en lui disant cela. Sa mère n'était pas sa mère et son père n'était pas son père. Peut-être.

Il tournait la tête vers la tanière des guerriers sans se décider à y aller. Sa nuque lui fit bientôt mal, il se leva et s'y dirigea à pas lents.
Il s'arrête devant l'antre et huma l'air. L'odeur d'Echo des Flammes s'y trouvait. Il inspira un grand coup. Quelle importance de toute façon ? La rouquine était celle qui l'avait élevé et aimé. Il appartenait au Clan du Vent. Ce qu'elle allait lui révéler n'y changerait rien.

Rien. Marmonna t-il pour lui même.

Il entra.

Coucou Maman. miaula t-il sans savoir comment amener la chose.

Pourquoi tu ne m'as pas dit la vérité ?

Il avait prononcé ceci sur un ton neutre en partant du principe qu'il n'était pas né au Clan du Vent. Mais c'était le chaos au fond de lui. Il espérait que la rouquine allait lui dire, que non ce n'était pas vrai, que c'était qu'un malentendu, que lapin était un imbécile. Et il se blottirait dans sa fourrure comme lorsqu'il était tout petit.
Il déglutit.

Le matin, cette période de la journée où tout parait si calme, si tendre. On dit souvent que le monde appartient à ceux qui se lève tôt n'est ce pas ? Et bien ce matin là, Echo ne s'était pas levé comme d'habitude. Trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, là veille elle avait fait les patrouilles pour toute la journée du lendemain car elle savait qu'elle n'en pouvait plus et qu'elle n'aurait pas le courage de se lever trop tôt. Elle serait debout pour l'arrivée de la patrouille de l'aube.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, le soleil était levé depuis un bon moment et il faisait chaud. Ce serait le cas souvent maintenant.Mais cela ne dérangeait pas la rouquine. Elle détestait plus le froid que le chaud. Elle s'assied et observa autour d'elle. Personne.
Bien.. Elle avait tant dormis qu'il n'y avait plus personne c'était ça ?
Echo ronchonna bruyamment avant de se rappeler que ce matin, il y avait évaluation chez certains apprentis et que par conséquent, certains guerriers étaient réquisitionnés pour aidés les mentors. Echo de Flamme bailla et commença à faire sa toilette. Voilà déjà deux aubes que ses petiots avaient étés baptisés. Hormis son Petit Chêne.; Comme ça lui avait brisé le cœur lorsque sa Meneuse, Etoile du Perroquet lui avait annoncé qu'il n'y avait pas assez de mentor libre pour avoir son chaton. Elle crut qu'elle allait s'effondrer. Cependant. Malgré ses deux apprentis et sa tâche de lieutenante, la rouquine s'était promise d'aller l'aider à apprendre les techniques de chasses ou de combats pour qu'il ne soit pas trop en retard.
Plongée dans ses pensées, la rouquine n'entendit pas un matou approcher. Elle ne se rendit compte de sa présence que lorsqu'il parla.

"Coucou Maman." Dit la voix

Echo se retourna et vu Nuage de Phénix. Son cher fils. Il n'avait beau pas être né de ses propres entrailles, elle l'aimait tout comme. Plus que tout au monde. Comme son propre fils.
Il continua :

"Pourquoi tu ne m'as pas dit la vérité ? "

Son coeur s'arrêta. Ses pupilles se dilatèrent et ses yeux s’écarquillèrent. Peu importe de la manière dont il l'avait dit. Elle avait compris. Elle baissa la tête pour pouvoir se retourner sans se cogner puis avança pour se placer assise devant lui et le regardant de ses yeux bleus, elle inspira et lui répondit :

- " Mon ange, avant tu étais jeune, maintenant tu es en age de comprendre.
Tu me dit vouloir savoir pourquoi je ne te l'ai pas dit plus tôt ? Parce que je ne voulais pas que tu te sentes différent, je ne voulais pas que tu te sentes à part de tes frères et sœurs. Je te considère comme mon propre fils, je t'aime tout comme et peu importe ce qu'il arrivera, tu es pour moi mon fils. Je ne prétend pas que tu puisses me pardonner de ne pas te l'avoir dit, mais je l'espère sincèrement."

Echo de Flamme avait mal au cœur. Tellement mal qu'elle était à deux doigts de vomir. Elle avait tellement peur qu'il la haïsse ! Mais elle continua sans lui montrer aucune émotion, seulement, ses yeux trahissait l'amour maternelle qu'elle lui vouait.

-" Veux tu savoir où nous t'avons trouvé ?"

Nuage du Phénix écouta les explications de sa chère mère, les griffes plantées dans la terre. C'était comme si ce qui avait commencé à se fissurer, s'écroulait soudainement sur lui et il lui était impossible d'hurler ou les éclats allaient lui rentrer dans la gueule.

Il enfonçait ses griffes dans le sol, comme si c'était la seule chose qui le maintenant encore debout.
C'était vrai. La féline rousse confirmait les propos de l'apprenti brun. Même ses excuses ne parvenaient pas à adoucir la peine que Nuage du Phénix ressentait. De la peine qui se changeait en colère, mais pas contre Echo des Flammes. Comment lui en vouloir ? Elle avait fait ce qu'il fallait.
Après tout, chaton, il se sentait déjà différent. Pas comme les autres. C'était comme si ce secret avait toujours été là, tenace, caché dans l'ombre avec lui, hantant ses rêves.

Mais maintenant la vérité qui s’abattait sur lui, dure et impitoyable, le soulageait. Car la vitre de verre c'était enfin brisée et il pouvait aller au delà.

Il soupira, un peu comme quelqu'un qui vient d'accomplir une tâche importante. Son regard débordait de gratitude envers Echo des Flammes.

Merci de me l'avoir dit. Je pense que d'autres n'auraient pas voulu.

Il vint s’asseoir plus près d'elle. Voulant se rassurer par sa présence.
Il était prêt à entendre la suite.

Le soleil éclairait le petit coin où ils étaient assis. Echo de Flamme regardait le petit qu'elle avait vu grandir au près d'elle, qu'elle avait élevé, ce chaton un peu turbulent mais qu'elle adorait plus que sa vie, tout comme n'importe lequel de ses chatons qu'elle avait eu avec Ange Déchu, c'était un amour inconditionnel qu'elles leur vouaient. Nuage de Phénix faisaient parti de cette famille qu'elle chérissait. Si un jour elle devait se sacrifiait pour sa famille, elle le ferait sans conditions.
Pour Echo de Flamme, sa famille était son Clan, mais les liens de sang sont irréversibles, peu importe qu'ils tuent ou qu'ils aiment, elle les aimera jusqu'à la mort.
Ange Déchu devait être de cet avis, et Petite Loutre devait l'être aussi de là où elle était. Nuage de Phénix qui était au calme, posé à côté de sa mère adoptive était près à boire chaque parole qu'elle allait prononcer. Elle était prête à lui raconter. Maintenant que ce petit chaton si frèle était devenu un bel apprenti plein d’entrain. Echo de Flamme avait fait le nécessaire pour lui, elle le savait même si elle avait fait de son mieux même si cela avait été dur.. Sans l'aide de personne elle avait mené sa bataille pour élever ses amours tout en faisant le deuil de sa Petite Loutre. Elle avait finalement réussie à obtenir son but, celui de les voir devenir apprentis et bientôt .. guerriers.
Il était temps.
La belle rouquine posa son regard dans le vide, nostalgique et se rappela :

" C'était un matin pluvieux et je me souviens, Etoile de Perroquet qui était à l'époque Plume de Perroquet fit entré fracassante dans la pouponnière. C'était le matin où tes frères et soeurs ont ouvert pour la première fois leurs yeux. Elle m'a raconté qu'on avait retrouvé une femelle décédée à la frontière avec un petit chaton qui la pleurait."

La rouquine souffla quelques instants pour lui laisser le temps de tout bien entendre.
Puis elle reprit :

" C'était toi. D'après ce que j'ai compris, ta mère est décédée en te protégeant d'un blaireau. Tu baignais dans son sang lorsqu'elle t'a découvert. Etoile de Perroquet qui savait que je venait de mettre au monde ma portée s'est empressée de me demandé de te laisser une place dans ma couche pour que tu puisses manger en attendant une solution. J'ai acceptée sans conditions. Et la suite, tu la connais."

Echo de Flamme regarda l'apprenti qui se tenait à son côté. Elle guettait sa réaction peut être allait il répondre, la réprimander ? La remercier ?
Elle savait que c'était dur à avaler malgré qu'il ne l'ai jamais connue. Elle avait en partie connue ça elle aussi.
L'orage gronda au loin, l'air se chargeait en électricité, il n'allait pas tarder à pleuvoir.

Le rouquin écoutait attentivement chaque paroles et même si ils comprenaient les mots, il n'arrivait pas à se concentrer sur le sens. Pluvieux, comme aujourd'hui, décédée, c'était sa mère biologique.

Ouah, lâcha Phénix, dans l'espoir d'entendre la suite

Il n'aurait pas cru que cette histoire dont il ne se souvenait même pas le toucherait autant. Mais maintenant il se sentait coupable, indirectement coupable. C'était de sa faute si sa mère biologique était morte, tuée pour que lui vive peut-être, sa faute même si il n'y pouvait rien. Il se sentait tout drôle. Tout ceci ne tenait pas à grand chose. Il serait sûrement devenu un vagabond, lorsque sa mère aurait eu une autre portée et n'aurait jamais connu cette vie clanique avec tous ses chats, bien plus que les solitaires en voient dans une vie. Et si Etoile du Perroquet n'était pas passée par là ? Il serait mort, tout simplement, et misérablement. Il pensait à sa mort parfois. Il imaginait une mort flamboyante et héroïque, pour sauver les siens ou combattre le mal. Mais la face de la mort n'a rien de digne.

On ne sait rien de plus ? Peut-être le ramenait-elle près de mes frères et sœurs et qu'ils sont morts du coup abandonnées. Personne d'autre n'est revenu trouver le corps ? Sa vie s'est vraiment terminée comme ça ?

Elle devait se souvenir, chercher chaque petit détail. Il y avait peut-être quelque chose de crucial là dessous. Il avait peut-être une autre famille qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer.
L'apprenti se frotta contre les pattes de sa mère, pour l'inciter à parler et pour lui prouver sa gratitude.

» Quand l'espoir n'existe plus, et que l'on erre sans but. ❖ Coeur Perdu
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