Étoile de la Nuée
Admine adorable alias Nuette <3
Date d'inscription : 24/03/2009
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Amour : Qui a dit qu'il fallait aimer pour être heureux ? Moi j'aime la vie ;P Et un bien Sombre Secret... <3
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| Sujet: Re: Réalisation d'une anthologie de poème ._. Sam 9 Avr - 8:14 | |
| Voilà la préface... je sais pas si c'est bien ou pas, la seule fois où j'ai fait une préface c'était en bac blanc, le correcteur m'a dit " vous confondez bavardage; ce que vous parvenez à faire, et exercice littéraire, ce qui reste à prouver" donc bon. ( le truc pas déprimant ._.) Préface « Je t’aime… un peu… beaucoup… passionnément… à la folie… ». Qui n’a jamais prononcé ces quelques mots, lors de ce jeu enfantin où l’on effeuille les pétales d’une marguerite ? Le titre de ce recueil s’inspire donc de ces paroles d’enfant. Le thème de cette anthologie est de toute évidence l’amour, mais traitera aussi du sujet de la folie dans l’amour. Car dans le fond, l’amour qui illumine les vies de chacun, mais qui sait détruire dans certains cas, ne serait-ce pas tout simplement qu’une autre forme de folie ? Cette question n’a sans doute pas de réponse, tant l’amour, la manière dont il est ressenti et les moyens de l’exprimer, sont aussi nombreux qu’ils y a de personnes sur la terre. La poésie peut constituer un de ces moyens d’expression, et en toute époque et tout temps, l’amour est un thème récurrent et traditionnel de l’art poétique. La poésie est l’une des meilleures formes pour retranscrire tout type d’émotions, positive ou négative, et sans doute la plus accessible. Elle permet d’utiliser les mots qui nous viennent à l’esprit, qui sera forcément le plus expressif pour dire ce que nous souhaitons, sans chercher à l’étoffer par un terme plus stylistique, bien qu’elle contienne la plupart du temps de nombreuses figures de styles ou procédés littéraires. De part ses nombreuses images, elle est plus accessible car ceci permet à tous de pouvoir s’imaginer la réalité que représente les mots, et d’interpréter le poème à sa manière. La poésie est donc un genre propice à l’évasion et au rêve, tout comme aux jeux de mots dans des formes plus modernes. Les poèmes qui composent cette anthologie n’ont pas été choisis par pur hasard. Ce sont tout d’abord des textes qui me semblent parlants et révélateurs du sujet choisi. De plus, les trois premiers poèmes peuvent constituer une sorte de définition de l’amour, tandis que le 4e relève de l’interrogation quand à l’amour, si ce n’est pas une chose vaine. Les deux poèmes qui suivent peuvent représenter l’application de cet amour déraisonné, et les trois poèmes qui clôturent ce recueil symbolise la souffrance que peut faire ressentir cette folle maladie d’amour. EDIT - Spoiler:
Jean de LA FONTAINE (1621-1695)
L'Amour et la Folie Tout est mystère dans l'Amour, Ses flèches, son Carquois, son Flambeau, son Enfance. Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour Que d'épuiser cette Science. Je ne prétends donc point tout expliquer ici. Mon but est seulement de dire, à ma manière, Comment l'Aveugle que voici (C'est un Dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ; Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien ; J'en fais juge un Amant, et ne décide rien. La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble. Celui-ci n'était pas encor privé des yeux. Une dispute vint : l'Amour veut qu'on assemble Là-dessus le Conseil des Dieux. L'autre n'eut pas la patience ; Elle lui donne un coup si furieux, Qu'il en perd la clarté des Cieux. Vénus en demande vengeance. Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris : Les Dieux en furent étourdis, Et Jupiter, et Némésis, Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande. Elle représenta l'énormité du cas. Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas : Nulle peine n'était pour ce crime assez grande. Le dommage devait être aussi réparé. Quand on eut bien considéré L'intérêt du Public, celui de la Partie, Le résultat enfin de la suprême Cour Fut de condamner la Folie A servir de guide à l'Amour.
Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Si l'amour ne paraît à mes désirs constant Si l'amour ne paraît à mes désirs constant, Il n'en faut s'étonner. Le monde est variable, Toute chose ici-bas est mouvante et muable, Tout se change et rechange en un même instant.
Il n'est rien qui ne soit gouverné par le vent. Le seul vent nous dispose, et au lit nous accable ; Du vent nous recevons le beau temps désirable, Et la fâcheuse pluie encores plus souvent.
Si doncques le vent prompt nous régit à toute heure, Si l'on a toujours l'oeil sur sa frêle demeure, Comme ayant biens et maux par sa légèreté
(Qui ne vient aux humains comme elle est demandée), C'est donc folie, amis, d'espérer fermeté, Puisque notre espérance est sur un vent fondée.
Joachim Bernier de LA BROUSSE (?-1623)
C'est une folie extrême C'est une folie extrême D'être fidèle en amour. Il faut aimer qui nous aime, Et changer de jour en jour. Qui un seul but se propose Ne fait jamais grande chose.
Les dames aiment le change, Et n'ont jamais de dessein Qui n'ait toujours du mélange, Et double ainsi que leur sein : Ne blâmez telle aventure, C'est l'effet de leur nature.
L'une aimera la richesse, L'autre aimera les discours, Cette-ci l'art et l'adresse, Celle-là le jeu d'Amours ; Jamais d'une même sorte Ce faux sexe ne se porte.
Aimez et soyez fidèle, Vous deviendrez odieux. Feignez, soyez infidèle, On vous recherche en tous lieux. Ainsi changeant de figure, Se déguise leur nature.
Et plus fol qui conjecture Sans dommage et sans méchef Bien garder une serrure, Dont chacun porte la clef, Il n'est de place tant forte Où l'on n'entre de la sorte !
C'est donques folie extrême D'être fidèle en amour, Il faut aimer qui nous aime, Et changer de jour en jour. Qui divers buts se propose Fait souvent quelque grand'chose.
Paul VERLAINE (1844-1896)
Vers pour être calomnié Ce soir je m'étais penché sur ton sommeil. Tout ton corps dormait chaste sur l'humble lit, Et j'ai vu, comme un qui s'applique et qui lit, Ah ! j'ai vu que tout est vain sous le soleil !
Qu'on vive, ô quelle délicate merveille, Tant notre appareil est une fleur qui plie ! O pensée aboutissant à la folie ! Va, pauvre, dors ! Moi, l'effroi pour toi m'éveille.
Ah ! Misère de t'aimer, mon frêle amour Qui vas respirant comme on respire un jour ! O regard fermé que la mort fera tel !
O bouche qui ris en songe sur ma bouche, En attendant l'autre rire plus farouche ! Vite, éveille-toi. Dis, l'âme est immortelle ?
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
Sonnet d'automne Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal : " Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? " - Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite, Excepté la candeur de l'antique animal,
Ne veut pas te montrer son secret infernal, Berceuse dont la main aux longs sommeils m'invite, Ni sa noire légende avec la flamme écrite. Je hais la passion et l'esprit me fait mal !
Aimons-nous doucement. L'Amour dans sa guérite, Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal. Je connais les engins de son vieil arsenal :
Crime, horreur et folie ! - Ô pâle marguerite ! Comme moi n'es-tu pas un soleil automnal, Ô ma si blanche, ô ma si froide Marguerite ?
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
Le possédé Le soleil s'est couvert d'un crêpe. Comme lui, Ô Lune de ma vie ! emmitoufle-toi d'ombre ; Dors ou fume à ton gré ; sois muette, sois sombre, Et plonge tout entière au gouffre de l'Ennui ;
Je t'aime ainsi ! Pourtant, si tu veux aujourd'hui, Comme un astre éclipsé qui sort de la pénombre, Te pavaner aux lieux que la Folie encombre, C'est bien ! Charmant poignard, jaillis de ton étui !
Allume ta prunelle à la flamme des lustres ! Allume le désir dans les regards des rustres ! Tout de toi m'est plaisir, morbide ou pétulant ;
Sois ce que tu voudras, nuit noire, rouge aurore ; Il n'est pas une fibre en tout mon corps tremblant Qui ne crie : Ô mon cher Belzébuth, je t'adore !
Jean-Baptiste CLEMENT (1837-1903)
Le temps des cerises Quand nous en serons au temps des cerises, Et gai rossignol et merle moqueur Seront tous en fête. Les belles auront la folie en tête Et les amoureux du soleil au coeur. Quand nous en serons au temps des cerises, Sifflera bien mieux le merle moqueur.
Mais il est bien court, le temps des cerises, Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant Des pendants d'oreilles. Cerises d'amour aux robes pareilles Tombant sous la feuille en gouttes de sang. Mais il est bien court le temps des cerises, Pendants de corail qu'on cueille en rêvant.
Quand vous en serez au temps des cerises, Si vous avez peur des chagrins d'amour Evitez les belles. Moi qui ne crains pas les peines cruelles, Je ne vivrai pas sans souffrir un jour. Quand vous en serez au temps des cerises, Vous aurez aussi des chagrins d'amour.
J'aimerai toujours le temps des cerises : C'est de ce temps-là que je garde au coeur Une plaie ouverte, Et dame Fortune, en m'étant offerte, Ne saurait jamais calmer ma douleur. J'aimerai toujours le temps des cerises Et le souvenir que je garde au coeur.
Gérard de NERVAL (1808-1855)
Pensée de Byron Élégie
Par mon amour et ma constance, J'avais cru fléchir ta rigueur, Et le souffle de l'espérance Avait pénétré dans mon coeur ; Mais le temps, qu'en vain je prolonge, M'a découvert la vérité, L'espérance a fui comme un songe... Et mon amour seul m'est resté !
Il est resté comme un abîme Entre ma vie et le bonheur, Comme un mal dont je suis victime, Comme un poids jeté sur mon coeur ! Pour fuir le piège où je succombe, Mes efforts seraient superflus ; Car l'homme a le pied dans la tombe, Quand l'espoir ne le soutient plus.
J'aimais à réveiller la lyre, Et souvent, plein de doux transports, J'osais, ému par le délire, En tirer de tendres accords. Que de fois, en versant des larmes, J'ai chanté tes divins attraits ! Mes accents étaient pleins de charmes, Car c'est toi qui les inspirais.
Ce temps n'est plus, et le délire Ne vient plus animer ma voix ; Je ne trouve point à ma lyre Les sons qu'elle avait autrefois. Dans le chagrin qui me dévore, Je vois mes beaux jours s'envoler ; Si mon oeil étincelle encore, C'est qu'une larme va couler !
Brisons la coupe de la vie ; Sa liqueur n'est que du poison ; Elle plaisait à ma folie, Mais elle enivrait ma raison. Trop longtemps épris d'un vain songe, Gloire ! amour ! vous eûtes mon coeur : O Gloire ! tu n'es qu'un mensonge ; Amour ! tu n'es point le bonheur ! Arthur RIMBAUD (1854-1891)
Ophélie I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles... - On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir. Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile : - Un chant mystérieux tombe des astres d'or.
II
Ô pâle Ophélia ! Belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! - C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ; Que ton coeur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ! Tu te fondais à lui comme une neige au feu : Tes grandes visions étranglaient ta parole - Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !
III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ; Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
Victor HUGO (1802-1885)
Où donc est le bonheur ? disais-je. Sed satis est jam posse mori. LUCAIN.
Où donc est le bonheur ? disais-je. - Infortuné ! Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné.
Naître, et ne pas savoir que l'enfance éphémère, Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère, Est l'âge du bonheur, et le plus beau moment Que l'homme, ombre qui passe, ait sous le firmament !
Plus tard, aimer, - garder dans son coeur de jeune homme Un nom mystérieux que jamais on ne nomme, Glisser un mot furtif dans une tendre main, Aspirer aux douceurs d'un ineffable hymen, Envier l'eau qui fuit, le nuage qui vole, Sentir son coeur se fondre au son d'une parole, Connaître un pas qu'on aime et que jaloux on suit, Rêver le jour, brûler et se tordre la nuit, Pleurer surtout cet âge où sommeillent les âmes, Toujours souffrir ; parmi tous les regards de femmes, Tous les buissons d'avril, les feux du ciel vermeil, Ne chercher qu'un regard, qu'une fleur, qu'un soleil !
Puis effeuiller en hâte et d'une main jalouse Les boutons d'orangers sur le front de l'épouse ; Tout sentir, être heureux, et pourtant, insensé Se tourner presque en pleurs vers le malheur passé ; Voir aux feux de midi, sans espoir qu'il renaisse, Se faner son printemps, son matin, sa jeunesse, Perdre l'illusion, l'espérance, et sentir Qu'on vieillit au fardeau croissant du repentir, Effacer de son front des taches et des rides ; S'éprendre d'art, de vers, de voyages arides, De cieux lointains, de mers où s'égarent nos pas ; Redemander cet âge où l'on ne dormait pas ; Se dire qu'on était bien malheureux, bien triste, Bien fou, que maintenant on respire, on existe, Et, plus vieux de dix ans, s'enfermer tout un jour Pour relire avec pleurs quelques lettres d'amour !
Vieillir enfin, vieillir ! comme des fleurs fanées Voir blanchir nos cheveux et tomber nos années, Rappeler notre enfance et nos beaux jours flétris, Boire le reste amer de ces parfums aigris, Être sage, et railler l'amant et le poète, Et, lorsque nous touchons à la tombe muette, Suivre en les rappelant d'un oeil mouillé de pleurs Nos enfants qui déjà sont tournés vers les leurs !
Ainsi l'homme, ô mon Dieu ! marche toujours plus sombre Du berceau qui rayonne au sépulcre plein d'ombre. C'est donc avoir vécu ! c'est donc avoir été ! Dans la joie et l'amour et la félicité C'est avoir eu sa part ! et se plaindre est folie. Voilà de quel nectar la coupe était remplie !
Hélas ! naître pour vivre en désirant la mort ! Grandir en regrettant l'enfance où le coeur dort, Vieillir en regrettant la jeunesse ravie, Mourir en regrettant la vieillesse et la vie !
Où donc est le bonheur, disais-je ? - Infortuné ! Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné !
28 mai 1830
François de MALHERBE (1555-1628)
Est-ce à jamais, folle espérance ... Est-ce à jamais, folle espérance, Que tes infidèles appas M'empêcheront la délivrance Que me propose le trépas ?
La raison veut, et la nature, Qu'après le mal vienne le bien ; Mais en ma funeste aventure, Leurs règles ne servent de rien.
C'est fait de moi, quoi que je fasse ; J'ai beau plaindre et beau soupirer, Le seul remède en ma disgrâce, C'est qu'il n'en faut point espérer.
Une résistance mortelle Ne m'empêche point son retour ; Quelque Dieu qui brûle pour elle Fait injure à mon amour.
Ainsi trompé de mon attente, Je me consume vainement, Et les remèdes que je tente Demeurent sans événement.
Toute nuit enfin se termine, La mienne seule a ce destin, Que d'autant plus qu'elle chemine, Moins elle approche du matin.
Adieu donc, importune peste, A qui j'ai trop donné de foi ; Le meilleur avis qui me reste, C'est de me séparer de toi.
Sors de mon âme, et t'en va suivre Ceux qui désirent de guérir ; Plus tu me conseilles de vivre, Plus je me résous de mourir.
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