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 L'Eclat du Destin. ~

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MessageSujet: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 8:48

© Histoire de Paillou.
Toute reproduction partielle ou totale sera sévèrement punie par la loi.
Précision : les informations sur les thérianthropes que vous trouverez au début de l'histoire, ne sont pas de moi.


L'Eclat du Destin. ~ Tumblr_static_wcswolves-47d54f5

An 3056. La race humaine a été décimée depuis maintenant 5 ans. Le virus "Orla", échappé d'un laboratoire en 3050, n'a pris qu'une seule année pour exterminer l'être vivant que l'on pensait être le plus puissant. Seuls certains thérianthropes habitant en Asie ont résisté. Les canidés, les félidés et les oiseaux. (Pour une raison inconnue, les serpents, les cétacés, les crocodiles, les ours, les ataviques et les chiroptères ont été décimés.)
Immunisés, les 3 races restantes n'ont pas été touchées. Du moins, pas comme les autres. Mais "Orla" a provoqué un changement brutal en eux, et ils sont désormais condamnés à demeurer sous leurs formes animales. Impossible pour eux de revenir à leur état humain. Ils se sont alliés pour survivre, les 3 races restantes ne formant plus qu'une seule Tribu. Ils ont appris à se nourrir essentiellement de fruits et de plantes, mais ils arrivent parfois que certains craquent, et les plus gros (lions, lynxs...) dévorent les plus petits (chiens, chats...).
Leur seul espoir est de trouver la "Flûte de Gabrielle". Cet objet appartenant à la première thérianthrope du Monde, est censé redonner forme humaine à quiconque thérianthrope sous forme animale, la touchera. Cependant, cette flûte se trouve au sommet du Mont Everest, enfouie dans un glacier, plus grand et périlleux sommet du Monde. C'est pour quoi personne n'ose entreprendre un tel voyage...
Mise à part Shining, jeune louve effrontée, qui s'est mise en tête de retrouver l'objet qui les sauvera tous. Pire encore que de mettre sa vie en danger, elle mettra également celles de certains autres thérianthropes, en péril.
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MessageSujet: Re: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 8:54

Qui sont les Thérianthropes ?:

Les relations Hommes/Thérianthropes:

Les différentes races de Thérianthropes:

Lexique:
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MessageSujet: Re: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 8:58


PROLOGUE
CODAGE - EXCEPTION DE LG

Le tonnerre grondait, les éclairs déchiraient et zébraient le ciel de flashs jaunes et blancs. La pluie battait contre le sol et les arbres ployaient sous les bourrasques phénoménales que le vent faisait naître. Cette nuit du 14 Décembre 3050 n’était plus que chaos et fléau. Les écrans accrochés aux murs des immeubles et des gratte-ciel, s’allumaient pour montrer le Président de la République de l’Asie. Il tenait un micro et ses lèvres indiquaient qu’il parlait, cependant, sa voix était couverte par les hurlements des Hommes, le tonnerre, les déchirements des éclairs et les arbres qui se fissuraient. Partout à terre, se trouvaient des enfants, des femmes, des hommes et des nourrissons, qui vomissaient sang, bile et bave mélangés. Amaigris, ils étaient allongés sur les routes, les trottoirs. Ils se faisaient piétiner par les rescapés, roulés dessus par les voitures. Plus personne ne pensait à la personne qui se trouvait à côté de nous. Tous voulaient échapper à cette monstruosité qui se propageait encore plus vite qu’une traînée de poudre au milieu d’une tornade.
Au milieu de cette masse fourmillante d’humains, morts et vivants, une louve à la robe rousse tentait de se faufiler tant bien que mal entre les jambes qui la frappaient de toute part. La panique était telle que personne ne remarquait sa présence, ce qui était encore plus compliqué pour elle de ne pas se faire massacrer à coups de pied et de roues de voiture. La canidée semblait terrorisée et peinait à tenir sur ses pattes. La fourrure souillée, pelée, trempée de sang et de boue, elle haletait pour respirer. Deux serres l’attrapèrent soudainement puissamment par les épaules, et elle se sentit quitter le sol. Affolée, elle poussa un glapissement et serra ses pattes contre son torse et son ventre. Elle vit une partie de la ville défiler sous elle, avant d’être déposée sur le toit d’un immeuble. Elle se redressa tant bien que mal et jeta un coup d’œil en dessous d’elle. De là où elle était, elle pouvait nettement apercevoir une foule noire s’agiter dans tous les sens, ainsi que les arbres enflammés qui tombaient sur le sol. Derrière elle, le rapace qui l’avait amené en sûreté, traçait des cercles invisibles dans le ciel, en volant nerveusement. La louve recula, regarda ses pattes et se mit à trembler.

« Je crois que j’ai un problème. »

L’aigle stoppa son manège et vint se poser sur la patte avant gauche que la femelle avait tendu pour qu’il se pose dessus. Il l’interrogea de ses yeux noirs.

« Je n’arrive plus à retrouver ma forme humaine.
- Moi non plus. »


Ce n’était pas l’oiseau qui avait répondu, mais un berger Allemand qui avait sauté du toit de l’immeuble d’en face, pour rejoindre les deux thérianthropes. La louve agita sa patte pour que le rapace s’envole, se leva brusquement et s’avança jusqu’à se retrouver truffe contre truffe contre le chien. Oreilles plaquées contre son crâne, échine hérissée, elle semblait furieuse.

« Et tu dis ça avec un tel calme !
- Que je le dise calmement, en pleurant, ou en dansant la Macarena, ne changera pas la situation.
- Je vois que tu n’as pas perdu ton sens de l’humour, Sawyer. »


Le chien lui montra les crocs mais ne répondit rien. La louve, exaspérée, se détourna du mâle et revint vers son sauveur, qui avait repris son activité de vol. Elle leva la tête vers lui et entrouvrit la gueule.

« Je ne reconnais pas ton odeur. Qui es-tu ? Comment t’appelles-tu ? »

Le rapace vint se poser à ses pattes, ses serres cliquetant doucement contre la pierre trempée. Il déploya un instant ses ailes pour laisser s’égoutter ses plumes, et secoua sa tête.

« Je m’appelle Tiun.
- Enchanté Tiun. Merci de m’avoir sauvé. »


Le dénommé Tiun ne pipa mot. Il se contenta de cligner des yeux, et alla se poster sur la bordure du toit de l’immeuble, observant silencieusement l’apocalypse qui régnait en contrebas. La louve frémit lorsque Sawyer s’approcha d’elle, mais elle ne bougea pas. Elle se racla la gorge et poussa un long soupir. Soupir qui se perdit dans l’horizon sous la forme d’un nuage brumeux.

« Tu y comprends quelque chose toi ? Comment se fait-il que… Que nous ne puissions pas reprendre notre forme humaine ?
- Tu n’as pas été mise au courant ? Je te croyais plus informée que ça, Shining. C’est à cause du virus. Il tue les humains, les animaux, ainsi que certaines races de thérianthropes. Seuls les canidés, les félidés et les oiseaux ne sont pas touchés. Et encore, cela ne concerne que l’Asie. Aucun de nous ne comprend pourquoi, mais seuls les thérianthropes des races résistantes, vivant ici, sont épargnés de la mort. Cependant, Orla a tout de même un effet sur nous. Je te laisse deviner lequel. »


Shining se mordit la langue, si profondément qu’elle sentit le sang lui couler dans la bouche. Cela voudrait-il dire qu’ils sont condamnés ? Condamnés à être emprisonnés pour le restant de leurs jours, sous cette forme animale ? Le Berger Allemand fit passer sa queue sur l’épaule de la femelle, recula et alla ouvrir une trappe sur le toit qui conduisait à l’intérieur de l’immeuble.

« Il faut retrouver les autres. Nous devons partir. On ne peut plus rien pour les humains. Ils sont ruinés. Ils ont trouvé plus forts qu'eux. »

Oui. Il avait raison. Les Hommes ne se tuaient plus entre eux. Orla était l’ennemi qu’ils attendaient.





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MessageSujet: Re: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 9:02


CHAPITRE I
CODAGE - EXCEPTION DE LG

Une aube nouvelle se leva, parant le ciel de ses beaux reflets matinaux, roses et oranges. Le Monde de tous les jours aurait voulu que des chamois bondissent dans les hautes herbes. Que des corbeaux déchirent la toison bicolore en croassant. Que des poissons argentés tracent leur chemin dans les ruisseaux translucides et froids du bas des montagnes. Cependant, de telles situations demeuraient à présent impossibles. C’est donc comme seul compagnon, le silence, qui accueillait chaque matin, les rescapés de la terrible épidémie connue sous le nom de Orla. Un silence qui s’avérait même, parfois, être trop bruyant.
Parmi les herbes encore fraîchement humides, une silhouette féminine avançait furtivement, ses pattes frôlant doucement le sol. Ses oreilles s’agitaient sans bruit et elle balançait sa queue touffue de droite à gauche. Elle leva la truffe pour humer l’air et entrouvrit la gueule, avant de se souvenir que ce qu’elle cherchait ne pouvait pas être flairé. « Je ne me ferai jamais à l’absence de gibier. » Elle franchit un ruisseau coulant en direction du Sud, et se dirigea vers des massifs verts éclatants. Lorsque l’animal posa son museau contre une des feuilles, elle recula brusquement la tête en grondant. Elle contourna le piège et arracha trois tiges sur lesquels avaient poussé des grappes de petites boules noires. Tentant d’ignorer les épines qui lui rentraient dans la langue et le palais, elle cala ses prises dans sa gueule et continua sa route, yeux plissés. Lorsqu’elle fut devant un arbre qui contenait des sortes de fruits ovales et orangés sur chacune de ses branches brunes, elle déposa son fardeau sur le sol, s’accroupit sur le sol et bondit dans les airs pour tenter d’en attraper un. Sans succès. Elle retomba sur par terre, bredouille. Frustrée, la femelle montra les crocs et se mit à tourner autour de l’arbre, pour chercher en vain une meilleure localisation pour essayer de l’attraper. Elle retenta ensuite une nouvelle fois, qui se solda, sans grande surprise, par un échec. Alors qu’elle allait recommencer, le bruit d’une brindille que l’on écrase, retentit derrière elle. N’ayant pas besoin de se retourner pour deviner l’identité de son visiteur, elle se contenta de soupirer. Le nouveau venu lui passa devant et lui lança une œillade moqueuse.

« Laisse faire le maître. Et prends-en de la graine. »

Vantard qu’il était, ce dernier se mit en position, et, d’un bond élégant, délogea sans difficulté, le fruit que tentait d’attraper l’autre, depuis plusieurs minutes. Fier, le mâle se retourna, la prise entre ses crocs. La perdante se contenta d’hausser un sourcil, de remuer la queue et de reprendre les mures qu’elle avait cueillit un peu plus tôt. N’attendant pas son camarade, elle accéléra l’allure, mais, perdue dans son désir de semer celui qui l’avait humilié, ne vit pas le ruisseau par-dessus lequel elle avait sauté auparavant, et tomba dedans. L’eau, peu profonde mais glaciale, la saisit presque aussitôt et elle en lâcha ses fruits qui se mirent à dériver dans le courant. Elle se releva précipitamment, le ventre et les pattes mouillée, et bondit sur ceux qui se faisaient la malle. Trempée, certes, mais elle avait rattrapé ce qui lui appartenait. Peu triomphante, elle sortit à pas lent du cours d’eau et s’ébroua, sous l’œil amusé du mâle qui l’avait observé durant son drôle de spectacle. Ne voyant là-dedans, rien de comique, la femelle reprit son chemin en tentant d’ignorer celui qui marchait derrière elle. Lorsque l’odeur des autres thérianthropes, parvint à son museau, elle dressa les oreilles et bomba le torse. Une grande louve blanche, svelte et fine, vint à sa rencontre. Elle flaira les fruits cueillis et les pris délicatement en faisant attention à ne pas les broyer entre ses crocs acérés. La femelle regarda l’animal immaculé partir vers le centre de la clairière, pour y déposer la nourriture avec les autres herbes et fruits, et s’étira longuement. Elle fut cependant interrompue par un claquement de queue sec qui la frappa sur l’arrière-train. Outrée, elle se stoppa net et tenta de mordre l’oreille du coupable, qui n’était autre que celui qui l’avait « aidé » durant sa chasse aux fruits.

« De tous les mâles arrogants et malpolis que j’ai connu, je crois que tu es le pire !
- T’es sexy quand tu t’étires Shining. C’est pas ma faute si tu m’excites le piquet. »


Vexée et nullement intéressée, la canidée s’en alla rejoindre sa sœur, celle qui était venue la voir pour récupérer ses prises. Cette dernière était assise et contemplait tristement la maigre récolte de nourriture qui avait été amassée ces derniers jours. Son désespoir grandit encore lorsqu’un lynx vint y prendre un fruit de teinte rougeâtre, réduisant encore plus la quantité disponible. Shining inspira profondément, comme si elle allait pousser un long soupir, mais son souffle resta bloqué dans sa gorge.

« Sawyer te drague ? »

Surprise, la femelle rousse dressa les oreilles. La manière dont sa sœur avait voulu détendre l’atmosphère, ne lui avait guère plu, mais elle se prêta au jeu. Après tout, pourquoi passer son temps à toujours s’apitoyer sur son sort ? L’espoir était mort en même temps que les Hommes.

« Malheureusement. Pourquoi me parles-tu de ça, Kate ?
- Simple tentative pour te faire déstresser un peu. Tu es plus tendue qu’un chevreuil encerclé par une meute de loups affamés, ces derniers temps
, s'amusa sa sœur. »

« J’ai mes raisons. Et s’il te plait, cesse de faire des comparaisons qui donnent l’impression que nous avons toujours été des animaux. Je ne suis pas une louve, je suis une humaine. » Shining baissa la tête, accablée. Elle ne s’était jamais acceptée telle qu’elle était. Elle n’aimait pas être une thérianthrope. Mener une double-vie, avoir une deuxième personnalité, avait longtemps été presque invivable pour elle. Si elle devait choisir entre être définitivement une louve, ou définitivement une humaine, elle opterait pour la deuxième option. C’est avec sérieux qu’elle assumait totalement le fait qu’elle aurait largement préféré que Orla condamne les thérianthropes à rester bloqués dans leur enveloppe humaine, plutôt qu’animalière. Mais la vie en avait décidé autrement. Comme toujours d'ailleurs.
Elle recouvrit ses pattes de sa queue et laissa ses pensées divaguer, ses yeux se perdant dans la contemplation rêveuse des mets disposés devant elle. Ces derniers diminuaient à vue d’œil, et il n’y en avait plus assez pour nourrir ne serait-ce que la moitié de toute la tribu. D’autant plus que si l’on prend en compte que les lions, les léopards et les lynx, mangent deux fois plus qu’un loup, qu’un rapace, qu’un chien ou un chat… La famine les guettait, tapie dans l’ombre. La louve avait de plus en plus l’impression que cette fatalité attendait le bon moment pour tous les anéantir. Outre les maladies, le manque de nourriture restait en effet un danger qu’on ne pouvait nier. Se nourrir de plantes et de fruits ne suffirait bientôt plus. Les plus grands carnivores étaient au bord de la crise. Ils ne tarderont pas à craquer et à s’attaquer aux petits gabarits. Elle le savait.
« Si Orla ne nous a pas tué, alors c’est la faim qui le fera. A quoi ça sert d’avoir été épargné de cette merde, si c’est pour mourir de faim, à peine quelques années après le drame ? »

**

Retour en arrière – 12 Mars 3050

« Toute personne ayant des symptômes tels que des saignements abondants du nez et des yeux, ainsi qu’une fièvre supérieure à 39° et des tremblements incessants incontrôlables, est chargée de se présenter à l’unité de soins intensifs de la ville d’Astana pour une mise en quarantaine d’urgence. Les risques d’épidémie de ce virus encore non identifié est trop important pour nous permettre… »

Une adolescente de 17 ans, aux courts cheveux blonds et aux yeux noisettes, coupa la télé et se tourna vers ses parents. A côté d’elle, son frère âgé de 6 ans, se blottit contre elle, angoissé. Il avait toujours eu une peur panique de ce genre de virus, et voilà que ses cauchemars devenaient réalité. Cela faisait environ 2 mois que les premiers infectés avaient été déclarés, et rapidement, le virus s’était propagé à travers une partie d’Astana, et sur les villes alentours. Toutes personnes contaminées déclaraient en premier temps des saignements de nez et des yeux, ainsi que les mêmes symptômes de la grippe H1N1. En peu de temps, les organes vitaux sont réduits en bouillie, les veines explosent, le sang ne coagule plus, la fièvre dépasse les 42° et la personne meurt en maximum 5 jours. La mort était reconnue pour être particulièrement douloureuse et sanglante.
Perturbée, la jeune fille se redressa et attrapa son manteau accrochée sur le mur à côté de la télévision. Sa mère l’attrapa par le bras pour la stopper dans son élan.

« Où vas-tu, Chloé ?
- Chez Shining.
- Non, je t’interdis de sortir. C’est trop risqué. »


Exaspérée, elle se détacha de l’emprise de sa mère et se dirigea vers la porte d’entrée d’un pas décidé. Shining, sa meilleure amie, était sa voisine, et ce n’était pas en parcourant 5 mètres qu’elle allait attraper ce virus. D’autant plus que son amie n’était pas infectée. Ignorant les appels de sa mère, Chloé sortie de la maison et claqua la porte derrière elle. Le soleil luisait agréablement dans la couverture bleue qui s’étendait à perte de vue. Une odeur d’herbe récemment coupée vint lui chatouiller les narines, et elle entendait un chien aboyer au loin. Tout était calme dans ce quartier. Comment pourrait-on penser un seul instant, qu’à quelques kilomètres de là, se déroulait un chaos sans nom ? L’adolescente traversa les quelques carrés de verdure qui la séparait de sa voisine, et alla frapper à sa porte d’entrée peinte en orange. Après quelques secondes d’attente, une jeune fille de 20 ans, chevelure très longue et bouclés, couleur rousse et yeux verts pétillants, lui ouvrit. Elle lui adressa un chaleureux sourire et se décala sur la gauche pour la laisser passer.

« Coucou Chloé. Entre. »

Cette dernière ne se fit pas prier. Elle pénétra dans la demeure de son amie et déposa son manteau sur une chaise qui se situait à l’entrée.

« Eh Shining, tu as regardé les informations ?
- Ouais. »


« C’est tout ce que tu trouves à dire ? Moi, je suis terrorisée. » Mais jamais elle ne reconnaîtrait sa peur devant celle qui semblait ne jamais rien craindre. Elle respira profondément et suivie sa complice jusque dans sa chambre. Shining se laissa tomber sur son lit et se perdit dans la contemplation de son plafond.

« Tu crois que Sawyer va bien ?
- Sawyer ? Depuis quand tu t’inquiètes pour lui, Chloé ?
s'interrogea la jeune femme, amusée. »

La concernée se sentie rougir et elle aurait voulu disparaître sous terre. « Depuis toujours. Mais je ne te l’ai jamais avoué. » En effet, Chloé s’était amourachée de ce dénommé Sawyer, cependant, elle ne voulait pas l’admettre. Elle se racla la gorge et haussa les épaules, pour simuler un « je ne sais pas, comme ça ». La jeune femme se redressa et croisa les jambes.

« J’en sais rien. Il vit sa vie tu sais. Il a 24 ans. Mais je ne pense pas qu’il ait été atteint. Il est dur comme de la pierre. T’en fais pas pour lui.
- Tu as surement raison. Mais ce virus m’inquiète énormément. Il se propage à la vitesse grand V et si on ne fait rien pour l’arrêter…
- On arrivera à l’arrêter. L’Homme a toujours trouvé des solutions à tout, n’est-ce pas ? »


Sceptique, Chloé baissa les yeux. Elle ne partageait pas son avis. Mais qui Shining essayait-elle donc de convaincre ? Son amie, ou elle-même ? Mais elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait raison. Le Monde évoluait, et nous devions évoluer avec lui. Le Monde changeait, et nous devions changer avec lui. Tel était l’équilibre de la vie. Elle sursauta lorsque le poste TV situé derrière elle, s’alluma en un crépitement sourd.

« Il semblerait que les scientifiques aient enfin mis la main sur le premier… »

Rageuse, Shining lança la télécommande sur le sol.

« Mais c’est pas possible ! Il ne parle que de ça, sur toutes les chaînes ! Les séries habituelles ont carrément été remplacées par ces conneries, je ne le crois pas ! »

Chloé ne comprenait pas trop la colère de son amie. Cette dernière s’énervait très facilement et était connue pour sa bipolarité aiguë et très marquée, mais là, elle en rajoutait vraiment. Il était normal que les médias ne parlent principalement que de ce *VIVE LGDC* de virus qui semblait décidé à vouloir décimer des villes entières, voir même peut-être des pays complets. Si l’épidémie continuait à prendre de l’ampleur, c’était toute la race humaine qui serait peut-être en danger. Elle ne saurait expliquer comment, mais elle le savait. La jeune fille alla s’assoir près de celle qu’elle considérait comme sa sœur, et lui passa un bras autour des épaules. Elle se raidie et Chloé l’enleva précipitamment. Elle avait oublié que Shining ne supportait pas les contacts physiques.

« Tu sais, c’est un peu normal qu’ils en parlent. C’est dangereux.
- Ils trouveront une solution, et lorsqu’ils verront qu’elle était sous leurs yeux depuis le début, on leur fera porter le chapeau et ils passeront pour des cons. Comme d’habitude. Pas de quoi en faire toute une histoire, l’Homme trouve toujours des solutions à tous les problèmes. On a toujours réussi à surmonter toutes les maladies, ça ne va pas s’arrêter aujourd’hui. »


Comment as-tu pu te tromper à ce point, Shining … ?





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MessageSujet: Re: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 9:12


CHAPITRE II
CODAGE - EXCEPTION DE LG

Une clairière. Une immense clairière, dont on ne voyait pas la fin. La nuit était là, pourtant la lune était inexistante et les étoiles n’étaient plus de ce Monde. Seule une simple toison noire, pesante et angoissante, était visible. Une sorte de brume grisâtre envahissait peu à peu le territoire, réduisant la visibilité à la quasi nullité. Perdue au milieu de cette terre fracassée et abandonnée, Shining courait sans but, cherchant désespérant à trouver la sortie. Mais ce champ ne semblait pas vouloir se terminer. Il semblait infini, comme le ciel qui apparaissait comme mort, cette nuit. La brume lui brûlait les yeux et s’infiltrait dans sa gorge, la faisant suffoquer à chaque pas qu’elle faisait. Où se trouvait-elle ? Elle ne le savait pas. Elle ne savait même pas si elle était morte ou vivante. Cet endroit lui faisait plus penser à l’Enfers qu’à la vraie vie. Mais elle n’avait rien fait de mal dans sa vie, pourquoi irait-elle brûler dans les flammes rouges de Satan ? Cela n’avait strictement aucun sens. Elle fut soudainement contrainte de stopper sa course en catastrophe, sans quoi elle serait tombée dans la fosse d’environ 5 mètres de large qui se trouvait à quelques centimètres de ses pattes. Tremblantes, elle se pencha au-dessus et plongea ses yeux dans les ténèbres. Le creux était si profond qu’elle n’en voyait pas le fond. Elle commença à reculer, lorsqu’une douce mélopée s’éleva de la crevasse. Surprise, elle tendit l’oreille. La musique avait un effet léger et doux sur elle, et la femelle se sentie apaisée. Elle ferma les yeux et se laissa porter par cette amusante berceuse. Cependant, le rythme s’intensifia et la mélodie devint de plus en plus stressante et stridente. Ses tympans commencèrent à la faire souffrir et elle serra les dents. Elle se sentit oppressée de l’intérieur et une force invisible la flanqua par terre. Elle rabattit ses pattes sur ses oreilles et elle enfouit sa truffe dans l’herbe sèche. La terre commença à trembler sous elle, et son cœur s’emballa. Un malaise monta en elle et tout son torse se comprima avant qu’elle ne se mette à vomir ses tripes. Du sang noir jaillit de sa gueule et un voile gris s’installa devant ses yeux. Elle se sentit brûler de l’intérieur et elle retomba sur le sol, secouée de convulsions. Le sang sortait de ses yeux, de ses oreilles et de sa gorge, ses prunelles étaient révulsées et sa température était anormalement élevée. Parmi le gris du malaise et le noir du sang, la louve entrevu une silhouette sombre s’élever de la fosse où elle avait failli sombrer, quelques instants plus tôt. L’aspect ténébreux prit peu à peu une forme d’un rapace imposant. Ce dernier poussa un cri, rabattit ses ailes contre son corps, et fonça droit sur la femelle affaiblie. Shining se plaqua contre la terre et poussa un hurlement déchirant à en réveiller les morts.

« Hé ! »

Sawyer était penché sur son amie, qui semblait être en proie à un horrible cauchemar. Cette dernière était allongée sur le flanc et criait dans son sommeil, en s’agitant dans tous les sens. Au son de sa voix, Shining ouvrit brusquement les yeux en hurlant, haletante. Elle bondit sur ses pattes et retomba sur le ventre, bouche entrouverte, pétrifiée. Elle lança un regard perdu à celui qui l’avait réveillé, et déglutit difficilement. Le mâle la regardait d’un air inquiet, tête incliné sur la gauche. Après avoir lentement reprit ses esprits, la canidée se recula et elle retroussa légèrement les babines.

« Depuis quand dors-tu près de moi ?
- Je ne dormais pas à côté de toi ! Tu sais très bien que je ne fais jamais de sieste la journée ! se vexa Sawyer, injustement accusé par la femelle. Mais tu criais tellement fort que l’on t’entendait à plusieurs mètres. Tu as fait un cauchemar ? »


Elle ne répondit pas directement et dirigea son regard vers le sol. Elle tentait petit à petit de rassembler les pièces du puzzle de son rêve affreux. Il lui avait semblé si réel qu’elle avait encore du mal à démêler le vrai du faux. Elle se passa un coup de langue sur le poitrail et ferma les yeux pour ne plus y penser. Son camarade se redressa et lui tourna le dos pour s’éloigner d’elle, le bout de sa queue frôlant son museau. Shining le lui griffa et détourna la tête. Sawyer se stoppa un moment, sans la regarder.

« Je te laisse, alors.
- C’est ça. »


Ignorant les gentillesses du berger-allemand, la femelle rousse se roula en boule et rabattit sa queue sur la moitié de son visage et tenta de retrouver le sommeil, ce qui se voua par un échec. Impossible de replonger dans les bras de Morphée. Elle pensait trop à ce rêve. Être bloquée dans son armure animalière l’affectait plus qu’elle ne voulait l’admettre. Elle poussa un profond soupir, yeux clos. Elle se revoyait encore courir dans la clairière, hurler ses poumons et vomir son sang. Pourquoi son subconscient avait-il imaginé tout cela ? C’était bien ne pas savoir, qui la perturbait.
Shining passa le reste de la matinée à réfléchir, plongée dans ses pensées. La tribu commençait vraiment à s’activer, mais elle n’y prêta aucune attention particulière. Elle tentait vainement de ne pas se laisser sombrer dans la tristesse, mais au fur et à mesure que les jours s’écoulaient, cela devenait de plus en plus compliqué. Sa vie d’avant lui manquait. Sa meilleure amie lui manquait. Chloé avait périe avec les autres. A cet instant, la femelle aurait donné sa vie pour que sa sœur de cœur soit une thérianthrope de race oiseau, félidé ou canidé, et ait donc pu survivre à ce terrible carnage. Mais c’était trop tard. Elle était morte. Comme quasiment tout le reste de la population. Il ne restait plus qu’eux. Juste eux. Livrés à eux-mêmes, dans ce monde où il n’existe plus d’humains. Juste des pauvres animaux, condamnés à se convertir au régime végétarien. Certains le vivaient bien. D’autres moins. Pouvait-on qualifier cela d’une vie ? Non. Non, pas pour elle. La canidée voulait retrouver son apparence humaine. Elle voulait reprendre ses études en psychologie. Elle voulait retrouver ses parents, ses amis et son petit copain. Tous avaient péri, terrassés par Orla. Aucune exception. Ils y sont tous passés. Elle voulut retenir une larme, mais c’était peine perdue. La goutte salée roula le long de sa joue, pour venir s’écraser contre la fourrure de sa queue. Pourquoi eux ? Pourquoi pas elle ? Elle aurait préféré mourir à leur place. Pourquoi avait-elle donc eu le privilège de continuer à vivre ? Ce n’était pas juste, autant pour eux que pour elle. Elle n’avait jamais rien eu de spécial. Pourquoi les étoiles avaient-elles donc décidé de l’épargner ?

« Shining ? »

La voix de sa sœur la tira subitement de ses pensées morbides, et la louve fut contrainte de se relever et de regarder sa semblable dans les yeux. La femelle neigeuse semblait inquiète et lui passa un coup de langue affectueux sur le museau.

« Je t’ai entendu tout à l’heure. Je t’ai aussi vu pleurer. Qu’est-ce qui ne va pas ? Je ne te reconnais plus ces derniers temps. »

Shining planta son regard émeraude dans celui de sa sœur. Jadis, elle se serait entièrement confiée à elle. Elle lui aurait avoué sa tristesse, ses doutes, son désespoir, sa nostalgie du passé. Mais aujourd’hui, elle ne savait pas pourquoi, mais le lien qui les avaient unies par le passé, n’était plus. Et elle ne se sentait pas la force de tout lui dire. La femelle commença à tracer des traits insignifiants dans la terre, du bout de sa griffe de la patte droite, et ne répondit rien. Sentant l’impatience de l’autre, elle fut cependant contrainte de prononcer quelques mots, sous peine de se faire taper sur les oreilles.

« C’est juste que… Enfin… Je pensais juste à notre avenir. Nous sommes tous fichus, Kate. La famine nous aura. Nous n’avons aucun moyen de reprendre forme humaine. Nous sommes condamnés, à notre tour. »

Kate ne répondit rien, mais sa sœur la vit bien serrer la mâchoire. Elle sentit une aura de stress monter en elle, et lorsqu’elle voulut la regarder en face, la louve blanche détourna le regard.

« Quoi ? Quoi, qu’est-ce que j’ai dit ?
- Rien. Rien, tu n’as rien dit. Laisse tomber, ce n’est pas important.
- Tout ce que tu sais est important. S’il te plait, parle. »


C’est d’un hochement négatif de la tête, que sa sœur lui répondit. Cette dernière s’éloigna d’elle et alla rejoindre deux rapaces, qui semblaient sur le point de partir à la quête d’eau, à haute altitude. Cette tâche ne pouvait être confié qu’aux thérianthropes de catégorie oiseau, tout simplement car ils sont les mieux qualifiés pour porter entre leurs serres, les seaux taillés dans le bois, qu’on conçu les félidés, pour y contenir de l’eau. Evidemment, il y a bien ce ruisseau, à quelques centaines de mètres d’ici, mais l’eau a déjà rendue malade plus d’un thérianthrope, et personne ne veut plus prendre le risque d’aller s’y abreuver. Trois voyages d’hydratation sont donc organisés chaque jour par les rapaces. Soucieuse, Shining s’étira rapidement et décida d’aller voir son meilleur ami : Tony. C’était un très joli renard roux, et tous deux s’entendaient à merveille. Après quelques minutes de recherche entre les thérianthropes qui parlaient, jouaient, se nourrissaient, couraient, ou dormaient, elle finit par le trouver en train de taquiner deux petits chatons, nés il y a quelques semaines. Du bout de ses pattes, il s’amusait à les frapper gentiment sur la tête, et s’arrangeait pour que les petits ne puissent pas l’attraper. Ravie de voir que son meilleur ami s’entendait à merveille avec chaque nouvelle recrue, elle s’approcha à pas lents de lui, pensant pouvoir le surprendre. Mais ses plans furent déjoués par une chatonne crème qui cria au renard qu’une louve s’apprêtait à lui bondir dessus. Ce dernier se retourna rapidement et lâcha un sourire lorsqu’il aperçut la femelle.

« On ne t’as jamais appris qu’il ne fallait pas se moquer de la jeunesse ? Ça finira par te retomber dessus, mon vieux, se moqua Shining. »

Le renard lui fit un clin d’œil et lui bondit dessus pour la faire tomber à la renverse.

« En attendant, c’est toi qui est tombée.
- Très drôle. La récréation est terminée, Tony. Que dirais-tu d’une balade sur les petits sommets ?
grogna la canidée en se dégageant. »

Retrouvant aussitôt son sérieux, le canidé se redressa, l’œil pétillant. Il approuva la proposition d’un battement de queue, et entraina sa camarade vers un sentier escarpé qui conduisait dans le début des montagnes à haute altitude. Aucun des deux ne pipa le moindre mot pendant les premières dizaines de minutes de leur ascension. Mais lorsque leurs pattes commencèrent à rencontrer de la poudreuse, Tony s’arrêta net.

« Qu’est-ce qu’il y a, Shining ?
- Il n’y a rien
, se surprit à lui répondre la femelle. Pourquoi me demandes-tu cela ?
- Je sais reconnaître une amie tracassée. »


La canidée fit demi-tour pour rejoindre son ami et l’entraina à l’écart, sous une immense pierre qui les protègerait de tout regard indiscret et d’oreilles curieuses. Une fois que Shining fut sure qu’ils furent seuls, elle inspira profondément et commença à jouer avec sa queue, comme elle le fait lorsqu’elle est en plein stress.

« J’ai parlé avec ma sœur. Je lui ai dit que nous étions fichus, qu’il n’y avait aucun moyen de reprendre notre forme humaine. Elle a eu l’air prise au dépourvue et est partie comme une voleuse. Est-ce que tu sais ce que ça veut dire ? »

Un silence accueillit les paroles de la jeune femelle. Tony ne semblait pas décidé à lui donner une réponse immédiate. Il garda les lèvres serrées, jusqu’à ce que son amie craque et lui assène un coup de patte furieux sur la joue. Son regard en disait plus que ses paroles, et le mâle fut contraint de parler.

« Oui.
- C’est tout ce que tu me sors ? Tu te fiches de moi ?!
- Non, non. Calme-toi, s’il te plait. C’est juste que je ne suis pas censé en parler. Sinon…
- Sinon quoi ? Tu vas me cracher le morceau, oui ou merde ? »


Le renard se mit à faire les cents pas devant une Shining au bord de la crise de nerfs. La fourrure de cette dernière avait doublé de volume et elle semblait sur le point de lui sauter à la gorge. Mais il savait qu’elle ne le ferait pas. C’est pour cela qu’il continua son manège encore quelques minutes, avant de se décider à retourner s’assoir devant la femelle désorientée.

« Il y a bien un moyen. Il se trouve au sommet du Mont Everest.
- C’est quoi ce moyen ?
- Il n’y en a qu’un : trouver la Flûte de Gabrielle. »



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MessageSujet: Re: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 9:16


CHAPITRE III
CODAGE - EXCEPTION DE LG

Retour en arrière : 28 Juillet 3050

L’odeur de moisissure omniprésente vous prenait les tripes et vous retournait l’estomac. Le bruit régulier des gouttes d’eau qui tombaient sur le sol et la respiration saccadée des personnes assises dans les quatre coins du logement, étaient les deux seuls moyens de vous prouver que vous êtes encore de ce foutu Monde.

« J’ai si peur… »

Une petite voix brisa le silence pathologique et pervers qui s’était installé dans l’immense pièce sombre, plus connue sous le nom de « Survivor’s cellar », voulant approximativement dire « La cave des survivants ». Une cinquantaine de personnes y était amassée et chacun s’était recroquevillé sur lui-même, devenant peu à peu fou par le manque de lumière. Ces personnes étaient les dernières survivantes de la ville d’Astana et le Gouvernement avait obligé les autorités Allemandes venues aider la région, à construire une cave conçue exprès pour les survivants. Une fois que vous avez pénétré dans le « Survivor’s Cellar », il vous est tout bonnement impossible de ressortir, sous peine de vous faire fusiller à la sortie, par l’armée. Toute personne non-contaminée mettant un pied dehors se fait automatiquement descendre pour éviter tout risque de contagion avec les autres. L’eau et les aliments leur étaient transférés par un conduit d’aération détruit et agrandi pour permettre aux boites de nourriture et aux bidons d’eau de passer. Le souvenir de la lumière du jour et de la nuit s’effaçait petit à petit de leurs mémoires, et les sons habituels tels que des chants d’oiseaux ou des bruits de tondeuse à gazon, s’enlevaient de leurs souvenirs. Ils n’auront bientôt plus un seul bon moment à se rappeler. Leurs esprits étaient déjà bien bouffés par la panique et tout le malheur qu’avait causé ce virus, qui, maintenant, se faisait nommer Orla.

« Il ne faut pas, Thomas. Il ne faut pas, répondit une femme d’une vingtaine d’années, en se serrant contre un petit garçon. »

Ce dernier avait les yeux emplis de larmes et la situation semblait lui happer toutes ses forces. Le Monde d’aujourd’hui était au-dessus de ce qu’il pouvait supporter, et la fille ne pouvait que trop bien le comprendre. Elle se redressa et avança à la quasi aveuglette, à genoux, sur le sol souillé d’eau, de boue et de déjections humaines, jusqu’à ce que sa main rencontre une bouteille en plastique vide. Elle dévissa le bouchon et se traina jusqu’à un bidon d’eau où elle y remplie sa trouvaille. Elle remit le bouchon en place et alla retrouver Thomas. Elle lui passa la bouteille avec un sourire amical, bien qu’il ne puit le voir.

« Tu as soif ?
- Oui. Merci Shining. »


La femme lui caressa doucement les cheveux d’un coup de main, avant de se caler correctement contre le mur et de poser sa tête sur ses genoux. Elle ferma les yeux et tenta d’oublier, ne serait-ce qu’un instant, l’endroit où elle se trouvait. Elle préfèrerait mourir, plutôt que de passer le reste de sa vie dans ce misérable trou à rat. Elle avait l’impression d’être une bête de cirque, emprisonnée dans un lieu sale et nauséabond, où la seule nourriture qu’on lui donnait n’était peut-être même pas comestible. Ces dernières semaines, elle avait tellement maigrie que l’on pouvait désormais sentir ses côtes sous sa peau.

« Est-ce que tes parents te manquent ? »

La question du bambin la pris au dépourvu et elle se crispa. Ses parents étaient morts, peu après la dégénération du virus, et elle avait à peine eu le temps de leur dire adieu. Tout comme son petit-ami, qui, lui, avait été fusillé par un soldat pour avoir tenté de s’échapper de la cave. Elle avait tout perdu. Il ne lui restait plus rien, mise à part sa meilleure amie, qui dormait près d’elle, tête posée contre le mur froid et inconfortable. Cette dernière n’avait plus que Thomas, son frère. Ses parents à elle aussi étaient morts. Mais au moins, Chloé avait encore un membre de sa famille… Shining mit un long instant avant de relever la tête et de prendre la main de celui qui lui avait posé la question.

« Oui, ils me manquent. Mais je me dis qu’au moins, ils ne souffrent plus. Je n’aurai pas supporté qu’ils me voient dans cet état, et encore moins qu’ils vivent le calvaire que nous sommes en train de vivre. Ils sont libérés aujourd’hui, et c’est mieux comme ça. Tu comprends ?
- Je comprends. »


Soulagée que Thomas comprenne et ne pose pas plus de question, Shining sourie pour elle-même, et commença à jouer avec une mèche de ses cheveux. Du mouvement à sa gauche lui indiqua que son amie s’était réveillée. Elle lui déposa un baiser sur la joue et lui pris la main.

« Coucou. Bien dormi ?
- Comment veux-tu bien dormir dans ce foutoir ? Mais on va dire que oui. »


La jeune femme lâcha un petit rire discret. Au moins, Chloé n’avait pas perdu son humour, et c’était quelque chose que peu de gens avaient conservé. Les deux filles se serrèrent l’une contre l’autre, tremblantes. Qu’allaient-ils tous devenir ? Chaque jour, la même question subsistait. Personne ne pouvait se résoudre à l’idée qu’ils allaient peut-être crever comme des chiens ici. Pourtant, c’est apparemment ce qui risquait de se passer. Mais chacun ici présent n’avait pas imaginé sa mort ainsi. La plupart aurait souhaité se laisser partir dans un lit, ou encore près de leurs proches. Et voici qu’ils allaient peut-être pousser leur dernier soupir dans cette caisse digne d’un refuge pour esclaves lors de la 2ème Guerre Mondiale.

« Est-ce que je peux avoir de l’eau si il y en a, s’il te plait, Shining ? J’ai la gorge encore plus sèche que le Sahara.
- Oui, bien sûr. »


Elle demanda la bouteille à Thomas, qui la lui donna sans broncher. La femme à la chevelure jadis si flamboyante, dévissa le bouchon et porta le goulot à la bouche de son amie. Lorsqu’elle eut assez bu, elle enleva le bout de la bouteille des lèvres de l’adolescente, pour le porter aux siennes. Ce n’était peut-être pas très hygiénique, mais aucun d’entre eux n’étaient contaminés, et au point où ils en étaient, ce geste pouvait même sembler propre. Après s’être correctement désaltérée, Shining lança la bouteille au hasard dans la pièce, pensant qu’elle pourrait servir à quelqu’un d’autre. Un « floc » retentit et quelqu’un grogna.

« Qui est l’imbécile qui a lancé ça ?
- L’imbécile, c’est moi
, rétorqua la coupable, frustrée.
- Je ne te vois pas, mais à ta voix, tu me sembles être une jeune femme. Mais ça ne t’as pas empêché d’avoir la stupidité de lancer cette pauvre bouteille qui s’est éclatée sur le sol et qui m’a arrosé les pieds. Bravo pour le gaspillage d’eau, vraiment ! »

Enervée, Shining se releva brusquement, poings serrés. Elle n’avait aucune idée de l’endroit où se trouvait son agresseur, mais elle pourrait se servir du son de sa voix pour identifier son aura, et ainsi, le localiser. « Être thérianthrope a ses avantages, en fin de compte. » La jeune femme se concentra et balada son regard de droite à gauche. Elle finit par apercevoir un halo blanc briller faiblement vers l’ouest, dans un coin reculé de la pièce. Elle commença à s’en approcher, mais stoppa net son ascension, sous le choc. Le halo luisant ne formait pas un singe, comme les autres humains. Non, il formait un ours. « J’avais pourtant entendu de la part d’une panthère, que cette race avait été décimée… » Passée la surprise, elle se mit à avancer furtivement à l’aveuglette et du s’excuser à plusieurs reprises après avoir marché et trébuché sur les jambes d’autres personnes.

« Quelle idée de se lever dans un lieu où nous n’y voyons rien ! la réprimanda une vieille dame.
- Vous m’excuserez, chère « médème », mais je dois aller voir quelqu’un, rétorqua la thérianthrope avec une pointe moqueuse dans la voix. »

Soufflant bruyamment, Shining finit par arriver près de l’ours, et trouva un endroit pour s’asseoir à côté de lui. Après s’être correctement installée, elle tourna la tête vers lui et approcha sa bouche de son oreille.

« Je sais ce que vous êtes.
- Comme moi, je sais ce que tu es. »


Nullement surprise, elle hocha la tête et inspira profondément. Il y avait bien 2 ou 3 semaines qu’elle n’avait plus aperçu de thérianthrope, et en revoir enfin un, même si il n’était pas de la même race qu’elle, lui faisait un bien fou. C’était comme si… Comme si elle n’était plus seule au monde. Elle se sentait même revivre un peu de l’intérieur.

« Croyez-vous que nous sommes les seuls ici ?
- Je le pense. »


Si tel était le cas, alors tous deux étaient peut-être les deux derniers thérianthropes de la ville d’Astana, et cela n’annonçait rien qui vaille pour la survie de l’espèce. Shining avait totalement oublié sa colère contre celui qui l’avait provoqué, et croisa les bras autour de ses jambes en tentant de rester calme. Le manque de lumière commençait réellement à l’affecter, et elle se sentait défaillir. Elle leva le regard et posa ses yeux sur le plafond. Quelque part là-haut était disposée une trappe. Il y avait juste à la pousser, et la lumière l’éclairerait. Mais elle se ferait tuer. Cruel dilemme. Pure coïncidence ou signe du destin, elle ne le savait pas, mais soudainement, la trappe s’ouvrit en un vacarme assourdissant. Les lueurs du soleil s’infiltrèrent dans la cave et elle put enfin apercevoir les gens qui se trouvaient autour d’elle, et surtout, l’allure pitoyable dans laquelle ils étaient tous. Maigres, cheveux sales, gras et emmêlés. Habits terreux, ensanglantés et déchirés. Peaux sales, souillées, à moitié grises. Yeux ternes et sans éclat. Elle aurait pu les comparer à des zombies. Le thérianthrope près de lui s’avérait être un homme d’une trentaine d’année, aux cheveux courts et aux yeux apparemment ambrés. Cependant, elle ne put se perdre d’avantage dans la contemplation de ses camarades, car des bruits de pas et un son de lutte retentirent, en haut. Un cri leur parvint et des injures non lésinées arrivèrent jusqu’à leurs oreilles. Shining put apercevoir deux soldats lancer sans ménagement, un jeune homme sur le sol de la cave, qui poussa un hurlement lorsque sa tête entra en contact avec la pierre abrupte. La femme ne pris même pas 2 secondes pour le reconnaitre.

« Sawyer ! »

Elle bondit sur ses pieds et se rua vers son ami. Elle le tourna sur le dos et lui posa une main sur le front. Pas de fièvre, mais le haut de son crâne était un peu ouvert, suite à la chute de 2 mètres qu’il venait de faire, face contre le sol. Du sang s’écoulait de sa plaie et elle comprima cette dernière pour stopper le liquide rouge. Sonné, il ne lui répondit pas et garda les yeux clos. Son amie le pris dans les bras et retourna s’asseoir près de Chloé et de son petit frère. Elle faillit tomber lorsque les soldats refermèrent la trappe et que l’obscurité revint les dévorer. Elle entendit nettement les gens hurler de désespoir et elle devina sans mal que certains d’entre eux étaient même en train de tendre les mains vers le toit, avides de lumière. Elle allongea Sawyer sur le dos et se maudit d’avoir jeté la bouteille d’eau, qu’elle avait, quelques instants plus tôt, entre les mains. Elle s’accroupie devant le blessé et lui ouvrit sa chemise -du moins ce qu’elle pensait être une chemise- pour qu’il puisse avoir de l’air. Aucune réaction. A côté d’elle, Chloé caressait les cheveux de Sawyer, visiblement soucieuse de son état. Commençant sérieusement à paniquer et ne l’entendant plus respirer, Shining s’apprêta à lui faire le bouche à bouche, mais lorsque ses lèvres ne furent plus qu’à quelques centimètres des siennes, le jeune homme ouvrit les yeux et lui attrapa les mains. Surprise, elle recula en criant.

« Eh bien, tu ne continues pas ?
- Pour l’amour du ciel ! »


Après avoir repris ses esprits et contrariée, Shining s’assit en tailleur devant son ami. Ce dernier se redressa en ricanant, mais grogna lorsque sa douleur au front le tirailla.

« Je serai toi, je resterai allongé, répliqua froidement la thérianthrope.
- Oh, Madame est médecin ?
- Tu veux que je te crève les yeux ? »


Sawyer haussa les épaules et se rallongea sur le dos, avant de fermer les yeux. Malgré le fait qu’il ait besoin de repos, son amie ne comptait pas le laisser s’endormir avant de lui avoir posé quelques questions importantes à ses yeux.

« Sawyer, qu’est-ce que tu fichais par ici ?
- J’étais assez prêt de la frontière avec l’Europe. Là-bas, l’épidémie n’est pas encore incontrôlable. Lorsque j’ai entendu qu’Orla avait pris le contrôle d’Astana et de presque tout le reste du continent, je me suis inquiété pour vous, et j’ai décidé de revenir. L’armée m’est tombée dessus et ils m’ont jeté ici. »


Shining ne comprenait pas pourquoi son ami avait risqué sa vie, juste pour prendre des nouvelles de ses camarades. Soit il était complètement cinglé, soit plus loyal que jamais. Elle soupira, mélange entre le soulagement la colère, et laissa son corps se détendre.

« Par contre, j’ai de mauvaises nouvelles.
- Du genre ? demanda Chloé
, dont la voix laissait transparaitre une pointe d’inquiétude.
- Orla a exterminé l’Afrique toute entière, ainsi que l’Amérique du Sud. L’Asie est presque dans le même état. Les seuls continents qui sont encore à peu près aptes à tenir debout, sont l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Australie… »






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MessageSujet: Re: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 9:22


CHAPITRE IV
CODAGE - EXCEPTION DE LG

Un long silence s’installa entre les deux amis. Si elles étaient encore parmi les vivants, le son des mouches volantes aurait pu se faire entendre. Le vent s’était tu, comme si la nature elle-même retenait son souffle. Shining baissa les yeux, la bouche entrouverte. Sa respiration qui formait des nuages de buée glacés, se perdait quelques centimètres après s’être envolée. Elle planta ses griffes dans la terre humide –la neige n’ayant pas pu recouvrir le terrain sous l’énorme rocher- et elle sentie nettement le pelage roux clair de son échine, s’hérisser. Elle ne savait pas si elle devait se réjouir de savoir que tout n’était pas perdu, ou avoir peur pour Tony, qui n’avait pas l’air fier de lui avoir avoué l’existence d’une éventuelle seconde chance. Mais c’était trop tard, les mots avaient été jetés, tels des dés sur une table lors d’une partie de Monopoly. La suite du parcours du joueur dépendait des chiffres indiqués. Ici, l’avenir des thérianthropes était lié aux paroles que venait de jouer le renard.
La femelle inclina légèrement sa tête sur le côté, surprise et soucieuse à la fois. Elle ne savait plus vraiment quoi penser. Si un moyen existait, pourquoi ne lui avouer que 5 ans après la disparition définitive de l’être humain ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Pourquoi ne pas avoir utilisé ce moyen directement ? Au final, la réponse de Tony avait créé encore plus de questions. Shining sentit une rage monter en elle. Comment son meilleur ami avait-il pu lui cacher une information aussi vitale ? Comment avait-il pu oser ne pas la mettre au courant ?

« Comment as-tu pu me faire une telle chose ?! »

L’accusé fut si surpris de l’agressivité soudaine de la louve, qu’il plaqua ses oreilles contre son crâne et rabattit sa queue entre ses pattes en arrière. La louve étant plus grosse et plus imposante que lui, elle s’avança et s’arc-bouta, enragée. Le renard se plaqua contre le sol en glapissant et il montra les crocs. Malgré le fait qu’en dehors de cette enveloppe, ils étaient des humains, ils n’en demeuraient pas moins également des animaux. Et la loi de la dominance n’avait pas disparu. La femelle se pencha en avant, jusqu’à ce sont museau frôle l’oreille du renard, et elle se mit à gronder furieusement.

« Shining, arrête.
- Explique-moi alors. Explique-moi pourquoi tu as fait ça.
- Je le ferai si tu me laissais me relever !
s’énerva Tony, toujours ventre sur le sol et regard baissé.
- Il ne tient qu’à toi de te laisser te soumettre. Ce n’est pas moi qui te maintiens indirectement à terre. Si tu tenais vraiment à revenir à ma hauteur, ce serait déjà chose faite. »

Néanmoins, la dominatrice s’écarta et laissa le canidé se relever. Il fallait un mental d’acier pour dompter un acte de dominance, et elle n’avait pas le temps de laisser Tony trouver sa force intérieure. Elle laissa sa fourrure revenir à sa place, et planta ses yeux verts dans ceux, bleus, du mâle. Impatiente, elle s’assit d’un mouvement qu’elle voulut calme, et enroula sa queue autour de ses pattes. Il n’y avait plus qu’à attendre les explications, qu’elle espérait bonnes, du thérianthrope. Ce dernier se releva difficilement en hoquetant. Visiblement mal à l’aise, il prit la même position que son amie, et se racla nerveusement la gorge. Ses oreilles s’agitèrent et il se mit à jouer avec ses pattes.

« Eh bien… Je ne sais pas si je dois t’expliquer… Tu en sais déjà assez et j’ai peur d’en dire trop… »

Shining aurait espéré rester assise plus longtemps, mais l’autre ne lui laissa pas le choix. Elle lui bondit dessus et le plaqua au sol, énervée. Ventre contre ventre, une patte contre sa gorge, elle approcha sa mâchoire du front du renard en dévoilant deux longues rangées de crocs luisants et acérés. Tony réprima un soufflement difficile. Jamais il ne les avaient vu de si près, et il ne tenait pas à ce qu’ils s’enfoncent dans sa jugulaire.

« Ecoute-moi bien, gringo. Tu m’en as déjà trop dis, je suis en droit de savoir la suite. Et crois-moi, je ne dégagerai pas d’ici tant que tu n’auras pas tout vomi à la figure. »

Choqué par l’agressivité de la femelle, le renard n’eut pas d’autre choix que de se soumettre une nouvelle fois et d’hocher la tête. Après quoi il prit une longue inspiration, comme chacun le fait avant chaque début de discours, et se lança.

« La Flûte de Gabrielle est une flûte, qui, effectivement, pourrait tous nous sauver. Il suffit de la toucher pour reprendre forme humaine. Je ne t’en ai pas parlé car Kate m’a avoué que cela était censé rester « secret ». Peu d’entre nous sont au courant. Il y a moi, ta sœur, Ethan, Tyler. Kate, Ethan et Tyler ont été mis au courant avant la disparition des Hommes, par un vieux thérianthrope qui a prétendu vivre près de cette flûte, pendant 3 ans. Ta sœur m’a ensuite mis au courant, car je les avais surpris en train d’en parler. Pourquoi seulement 5 sont au courant ? Tout simplement parce que ce moyen est quasiment impossible à mettre en œuvre.
- Pourquoi ? Pourquoi c’est impossible ?
- Parce que cette fichue flûte se trouve au sommet du Mont Everest ! »


« Le Mont Everest ? » Non. Non, c’était impossible… Pourquoi leur unique porte de sortie se trouvait perchée tout en haut du plus haut sommet du Monde ? Signe du destin ou simple poisse, elle n’en savait rien, mais une chose était sure : elle n’avait jamais ressentie une telle déception de toute sa vie. Choquée, elle resta une trentaine de secondes, immobile. Trop secouée pour parler, elle se contenta de laisser toute l’émotion transparaitre dans ses prunelles. Un mouvement sous son ventre la fit revenir sur terre, et elle sursauta.

« Ça te dérangerait de bouger ? Tu m’étouffes.
- Dis tout de suite que je suis lourde. »


Tony ne répondit rien, mais il lâcha une grimace lorsque la femelle remua. N’y prêtant aucune attention, cette dernière se releva sans prendre soin de ne pas blesser son ami. Elle sauta sur ses pattes, sa queue fouettant l’air. Le coup de théâtre passé, elle ne semblait plus étonnée et dépitée, mais déterminée et pleine d’espoir. Et le mâle savait d’expérience qu’une Shining décidée était loin d’être un excellent signe pour l’avenir. La louve se mit à tourner sur elle-même et son camarade fut contraint de l’arrêter, exaspéré.

« Quoi ? Qu’est-ce tu as encore dans la tête ?
- Eh ! C’est quoi ce manque de confiance ?
- Confiance et prudence sont deux choses à savoir différencier dans la vie. »


La femelle lui tira la langue et ne prêta plus vraiment attention au scepticisme et à la méfiance de son ami. Elle avait un plan, et elle comptait bien le mettre à exécution. Cependant, elle ne savait pas si elle devait mettre Tony au courant. Ce dernier chercherait surement à la dissuader, mais Shining savait pertinemment qu’elle ne pourrait pas réussir son projet toute seule. Se lancer en solitaire dans une telle quête pourrait être la nouvelle définition du suicide.

« Tony, j’ai une idée. »

Ça, il le savait. Stressé et ne pressentant rien de bon, il lui fit tout de même signe de continuer. Après tout, plus rien ne pouvait vraiment le surprendre. Cette thérianthrope lui en avait toujours fait voir de toutes les couleurs.

« Nous allons tout simplement aller la chercher, cette flûte ! »

Le mâle écarquilla les yeux et s’étrangla avec sa salive. Il déglutit et haussa les sourcils. Pourtant, il s’y attendait. Inconsciemment, mais il s’y attendait. Shining avait l’esprit tellement tordu, que pour être honnête et après mure réflexion, sa décision ne l’étonnait même plus.

« Heu… Je ne pense pas que cela soit une excellente idée, tu sais.
- Pourquoi est-ce que je savais pertinemment que tu allais me sortir cette phrase ?
soupira la femelle, vexée.
- Peut-être parce que je suis sage, et toi, inconsciente ? »

L’autre se mit à gronder mais n’ajouta rien. Au fond, le renard avait-il raison ? Se lancer dans l’ascension du Mont Everest était comle se jeter sous la lame de fer de la Faucheuse. Mais rester sans rien faire, était se condamner à une mort lente, encouragée par la famine. Au fond, les deux solutions revenaient au même, à la différence que la première n’était pas totalement désespérée.

« Pourtant, nous ne serions pas les premiers à l’escalader ! D’autre l’ont déjà fait !
- Mais c’était des alpinistes qualifiés et professionnels, Shining ! Nous, nous n’avons même pas gravit le Mont Blanc ! As-tu même déjà fait de l’escalade ?
- Nous n’avons qu’à demander aux rapaces de voler jusqu’en haut !
s’injuria la louve. Pourquoi son ami ne voulait-il pas comprendre que la situation était perdue, et que s’ils ne se lançaient pas dans cette aventure, ils allaient tous crever ici ? »

« Mais elle ne comprend rien. » L’idée des aigles et des faucons, avait effectivement traversé l’esprit de Tony. Mais il s’était ensuite rendu compte que la tâche s’avérait impossible.

« Les oiseaux sont la race la moins nombreuse qu’il reste sur terre. As-tu compté le nombre de rapaces qu’il y a dans la tribu ? Six. Il n’y en a que six ! Et il en faut au moins trois chaque jour, pour le transport régulier de l’eau. De plus, ils n’ont pas été taillés pour voler aussi haut et à si faible température. Malgré leur forte carrure, je doute qu’ils pourront résister. »

La femelle fit mine d’être vaincue et haussa les épaules. Elle ne tenait pas à dresser son ami plus longtemps contre elle. Si il ne voulait pas l’aider, alors elle se débrouillerait seule. Elle lui lança un regard indifférent, et bondit devant lui pour s’enfoncer encore plus dans les montagnes. Ayant besoin de réfléchir, elle alla s’en remettre au silence. Elle ignora l’appel de Tony qui s’éleva d’un peu plus bas, et disparu derrière un mur naturel de neige et de roche. Elle ne tenait pas à ce que le mâle pense qu’elle voulait vraiment mettre son plan à exécution, et préférait lui faire croire qu’elle avait abandonné l’idée. Tout ce qu’elle souhaitait, c’est qu’il n’aille pas en parler à Kate, sa sœur. Cette dernière était une des dominantes de la Tribu, et elle serait tout en droit de la mettre sous surveillance pour s’assurer qu’elle ne fiche pas le camp vers l’Everest. Cependant, Shining savait pertinemment que rien ne pourrait la stopper dans son élan. Lorsqu’elle avait quelque chose de gravé dans le crâne, il était totalement impossible de le lui ôter. « Si Tony ne veut pas m’aider, c’est son problème. Moi, je la trouverai, la Flûte de Gabrielle. Je sais que j’en suis capable. Et je vais bientôt me faire un plaisir de le lui prouver. »





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MessageSujet: Re: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 9:28


CHAPITRE V
CODAGE - EXCEPTION DE LG

« Donc, ça veut dire que tu es prête à m’accompagner ? »

Shining avait passé le reste de l’après-midi à parler de la Flûte de Gabrielle, à tous les thérianthropes qu’elle avait croisé. Malgré le fait qu’elle se doutait parfaitement que cette affaire était censée rester secrète, elle n’avait pas pris la peine de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. La louve dévisageait une jolie chatte noire aux yeux verts, qui semblait perplexe. Cette dernière était une bonne amie de la canidée, et elle pensait qu’elle serait d’accord pour l’accompagner. Cependant, la chatte n’avait pas l’air sure d’elle et le doute se lisait sur son visage. Au fond d’elle, elle pressentait, elle savait, que ce projet n’allait être source que d’ennuis et de problèmes à répétition. Pourtant… Comment résister à la tentation ? Comment refuser d’accompagner la louve, alors qu’il y avait un espoir de tout arranger ? Comme elle, la féline désirait plus que tout au monde, reprendre son corps d’humaine. Et s’il y avait vraiment un moyen de réaliser leur plus grand souhait, pourquoi le refouler ?

« Je ne sais pas trop, Shining. »

Agacée, la canidée remua la queue et détourna la tête. Pourquoi tout le monde pensait que son idée était mauvaise ? Seulement deux thérianthropes avaient, pour le moment, acceptés de se joindre à elle et élaborer un plan. Un chien et une lionne, répondant aux noms de Heros et Inaï. Shining tenait à ce qu’au moins cinq membres de la Tribu viennent avec elle. Plus le nombre d’accompagnateurs augmentait, plus leurs chances de réussir s’élevaient. Ils seraient plus nombreux pour veiller les uns sur les autres et pendant que certains se reposeraient, d’autres iraient à la quête d’eau, de fruits et de plantes et surveilleraient ceux qui dormiraient. En effet, la femelle avait déjà toute une stratégie formée dans sa tête, et il ne restait plus qu’à la mettre en œuvre.

« Comment ça « tu ne sais pas trop » ?
- Tu réalises les risques que l’on va prendre ?
s’injuria son amie, sur le qui-vive.
- Arrête de faire celle qui est contre ce voyage, Tania ! Je sais que tu es comme moi et que tu veux retrouver ton armure humaine ! »

« Tu marques un point… » La jeune chatte baissa les yeux. Elle ne pouvait pas contredire son amie. Elle souhaitait reprendre sa vie d’avant. Pouvoir se transformer quand elle le voulait, sans rester bloquée sous une de ses deux apparences. Elle en avait marre de toute cette fourrure, de tous ces crocs et ces griffes. Elle voulait retrouver des habits, des morceaux de tissus, des cheveux et voir sa peau directement, sans être obligée de s’arracher la fourrure ! Mais elle ne voulait pas non plus mourir. Pas dans les montagnes. Mourir de froid était déjà horrible pour elle, alors se retrouver prisonnière d’un glacier, tomber dans une crevasse ou se faire emporter par une avalanche, lui donnait des sueurs froides. Mais après tout, qui ne tente rien n’a rien. Et il faut oser pour obtenir. C’est ce que sa grand-mère lui répétait sans cesse. Il était temps de mettre ce proverbe sur le grill et de le tester une bonne fois pour toute. Elle se redressa et regarda Shining d’un air décidé. Cette dernière semblait attendre une réponse plus précise, et se mordillait l’intérieur des joues.

« D’accord. Je t’accompagnerai. »

Les yeux de la louve s’illuminèrent et elle frôla la truffe de la chatte. Tania sentait une joie immense se dégager du corps de la thérianthrope, et elle se laissa emporter par l’excitation et l’impatience. S’il leur restait une petite chance, elle était là-bas. Au sommet du Mont Everest. Et ils allaient tout faire pour en venir à bout. La féline s’apprêta à renvoyer en retour le geste amicale de sa camarade, mais un hurlement enragé l’interrompit brusquement. Elle tourna la tête vers la gauche et sentie son échine se hérisser. Kate, la sœur de Shining, arrivait en marchant, les oreilles en arrière et les crocs à découvert. L’Alpha semblait furieuse.

« Heu, je vais te laisser… bafouilla Tania en reculant et en s’enfuyant. Elle avait toujours craint la femelle blanche, et dans cet état, elle lui inspirait tout, sauf de la confiance.
- Lâcheuse ! s’offusqua la louve, livrée à sa sœur qui semblait être entrée dans un excès de colère sans nom. »

La thérianthrope se retourna et se retrouva museau à museau avec l’autre canidée, dont les yeux luisaient de rage. Elle lui bondit dessus et la mordit à l’oreille, signe de domination. Même si Shining était une Delta, deuxième rang le plus fort entre les loups, Kate restait une Alpha et la dominait d’un rang. Elle avait donc le dessus. Elle se débattit, sans succès. Elle ne comprenait pas la colère de sa frangine et la regardait avec des yeux troublés.

« Comment peut-on être aussi stupide ? lui hurla sa sœur, bave aux lèvres.
- Hein ? »

De quoi parlait-elle ? Perdue, la louve rousse roula entre les pattes de son agresseur et se redressa, pelage hérissé. Essoufflée, elle recula de quelques pas et mis de la distance entre elle et l’autre femelle. Elle lui montra les crocs, prête à se défendre en cas d’une nouvelle attaque inexpliquée.

« Tu m’expliques, Kate ?
- Pourquoi t’en as parlé à tout le monde ?! »


Les oreilles de l’accusée se dressèrent soudainement et elle manqua d’avaler sa salive de travers. Elle commençait à comprendre ce que cela voulait dire. Mais même si elle avait vu juste, elle ne comprenait pas vraiment l’état de sa sœur. Ce n’était rien de plus qu’une simple révélation… La canidée immaculée se mis à lui tourner autour en grondant. Ses prunelles luisaient d’animosité et elle ne semblait pas décidée à se calmer. Shining savait que l’adoucir ne serait pas chose aisée.

« Et n’essaye pas de nier, tu sais parfaitement de quoi je parle ! Ce n’est pas le Marchand de Sable qui a décidé d’avertir la moitié de la Tribu de l’existence de la Flûte de Gabrielle ! »

L’animal soupira. Elle avait vu juste, sa sœur lui en voulait bien pour ce qu’elle avait répété à quiconque avait croisé son chemin, cet après-midi. Et il était vrai qu’elle ne pouvait pas se la jouer innocente. Tout le monde pourrait témoigner contre elle. Elle ouvrit la gueule pour tenter vainement de se trouver une excuse, mais une voix grave l’interrompit dans son élan.

« Ce n’est pas sa faute. C’est la mienne. »

Les deux louves tournèrent la tête dans un timing parfait en direction des mots qui s’étaient élevés. Tony avançait vers eux, la tête droite. Il ne semblait nullement inquiet du fait qu’il risquait une sévère sanction. Même semblait-il confiant. Kate, quant à elle, renifla, énervée. Néanmoins, elle fit signe au renard de continuer, histoire de lui faire dire ce qu’il avait à dire. Shining, elle, le regardait de travers. « Il ne va tout de même pas se faire porter le chapeau à ma place ? »

« C’est moi qui lui en ai parlé, ce matin, dans les montagnes.
- Pourquoi as-tu fais cela ?
s’étonna l’Alpha, sourcils haussés. »

« Parce que je l’ai harcelé pour le savoir… » Cependant, la Delta savait que Tony n’allait pas dire cela non plus. Du moins, pas si il avait une onde d’intelligence. Sinon, ça reviendrait à dire qu’elle restait coupable.

« Parce que j’en avais assez que ma meilleure amie ne le sache pas. Elle était en droit de savoir.
- Oui, bien sûr ! Et regarde ce qu’elle a fait ! Elle a prévenu la moitié de tous les thérianthropes ici présents, et maintenant, la nouvelle se répand plus vite que de la neige qui fond sous un soleil de 30° ! »


« Au pire, où est le mal ? » Chacun d’eux méritait d’être tenu au courant. Shining ne regrettait pas d’avoir répété l’existence d’un espoir, à tout le monde. Même si cela risquait d’en exciter plus d’un, au moins, la Tribu serait au courant à présent. Et il n’y aurait plus de secret pour personne. Le renard ne montra pas le moindre signe de faiblesse devant Kate. Après tout, ce n’était pas un loup. Et la hiérarchie Alpha, Delta, Oméga et autre, ne le concernait pas.

« Je suis désolé. Cependant, ce qui est fait est fait. Et c’est peut-être mieux comme ça.
- Oui, il a raison
, renchérie son amie en s’interposant, hésitante. Je suis désolée de l’avoir répété à tout le monde, mais c’est peut-être une bonne chose en fin de compte. Si la Flûte existe, c’est pour une bonne raison, non ? On doit la trouver, c’est notre unique chance. »

La louve blanche montra les crocs et détourna la tête en maugréant. Elle n’avait pas l’air convaincu, mais n’ajouta rien de plus. Elle fit demi-tour en prenant soin de fouetter la joue de sa sœur de sa queue, passa près de Tony en le foudroyant du regard, et s’éloigna sans un mot supplémentaire. Les deux canidés se dévisagèrent un long moment, dans un silence des plus gênants. Aucun des deux ne savait pas s’il devait entamer la discussion, ou suivre le même chemin que Kate, et partir la tête haute.

« Merci, murmura finalement Shining, les oreilles basses. Mais… Pourquoi as-tu menti pour moi ? Tu n’étais pas obligé de faire ça.
- Je n’avais pas envie que tu te fasses incendier. Cependant, tu l’aurais mérité. Je te faisais confiance, je pensais pouvoir te le dire sans que tu ne le répètes à tout le monde. Apparemment, je me suis planté, et en beauté. »


Piteuse, la femelle baissa la tête en soupirant. S’il y avait bien une chose qu’elle détestait, c’était trahir la confiance d’un ami. Pire encore, c’était celle de Tony qu’elle venait de tromper.

« Eh, Shining ! »

L’interpellée tourna la tête vers l’appel que l’on venait de lui lancer. Il s’agissait d’Inaï, la lionne qui avait accepté de l’accompagner, qui courait vers elle, ventre à elle. Ses yeux miroitaient d’impatience et elle bondit sur la louve. Les énormes pattes musclées de la féline la plaqua sur le sol et sa tête heurta le sol.

« Aïe ! Inaï, mais t’es complètement folle ?!
- Pardon ! Mais tu sais, j’ai tellement hâte qu’on parte à la conquête de la Flûte de… Oups,
s’interrompit la lionne en remarquant Tony à côté d’elle.
- Ne t’inquiète pas, il est courant. »

Soulagée, Inaï se redressa et ronronna. Cette thérianthrope avait toujours débordé d’énergie, et Shining ne savait pas si c’était une très bonne idée qu’elle les accompagne. Cependant, cela ferait toujours un voyageur de plus. Avant que l’une des deux femelles n’ait pu ajouter quoi que ce soit, Tony s’avança et se posta près de son amie.

« Au fait Shining. Je suis prêt à venir avec toi, s’il le faut. »





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MessageSujet: Re: L'Eclat du Destin. ~   L'Eclat du Destin. ~ EmptyDim 28 Sep - 9:33


CHAPITRE VI
CODAGE - EXCEPTION DE LG

Retour en arrière : 29 Août 3050

« J’en peux plus, je veux sortir ! »

Chloé était collée contre une des parois de la salle et hurlait à pleins poumons. Si la lumière était présente, l’on pourrait apercevoir la folie briller dans ses yeux. Elle frappait le mur à coups de poings, le lacérait de ses ongles abimés, sales et brisés, et se laissait glisser sur le sol en pleurant. Elle posa son front contre le goudron glacé et se mis à trembler de tous ses membres. A côté d’elle, le corps ensanglanté d’un petit garçon. Le regard vide, la bouche entrouverte, ce dernier ne montrait plus le moindre signe de vie. Et l’odeur indiquait que sa mort remontait à plus longtemps que quelques petites heures. Shining caressait les cheveux du cadavre et ne semblait pas être accommodée par la puanteur de la mort qui s’infiltrait dans chacun d’eux. D’autres personnes étaient en train de crier, de se frapper, de ramper sur le sol souillé par les déjections, la nourriture périmée et écrasée, l’eau perdue et abandonnée, le sang séché… La jeune femme qui était occupé à prendre soin du bambin qui était déjà mort, regardait d’un air glacial, un homme aux mains et aux dents pleines de rouge. Du moins, elle regardait son aura. Et elle se doutait que son corps était encore souillé de liquide incarnat. Son flair de loup le lui disait. Elle le sentait. « Il l’a tué… Il l’a tué hier et il n’a même pas pris le temps de se nettoyer. » En effet, cet homme, le thérianthrope de la race des ours, avait tué le frère de sa meilleure amie. En manque de viande, terrassé par la faim, son instinct animal avait pris le dessus, et même si les ours ne s’attaquent généralement pas aux humains pour les manger… Celui-ci avait fait exception. Même si elle n’avait pas vu la scène, Shining se souvenait très bien des hurlements. De l’odeur du sang. Des crocs. Et elle avait senti l’ours. Elle avait senti son pelage la frôler. Ce fou s’était transformé dans la pénombre dans la plus totale, pour assassiner le pauvre petit garçon qui n’avait rien demandé à personne. Il l’avait égorgé avant de reprendre sa forme humaine. Et personne n’avait rien pu faire, tout simplement parce qu’ils n’avaient rien vu. Ils avaient seulement entendu. Juste… Entendu.
Shining s’approcha de sa sœur de cœur et l’attrapa par les bras. Elle la décolla du mur et la pris avec elle. Elles s’assirent en même temps sur le sol, et elle laissa son amie endeuillée pleurer dans ses bras. Elle lui embrassa le dessus de la tête et lui frotta amicalement le dos en tentant vainement de la réconforter.

« Chhht… Ça va aller. Respire, Chloé. Respire. Calme-toi. »

Elle sentait les larmes de son amie qui coulaient sur ses bras nus. Ils avaient tous les habits déchirés, et rares étaient ceux qui avaient encore les jambes et bras couverts. Du moins, c’est ce que les gens disaient. Ils passaient leur temps à dire qu’ils avaient froids et qu’ils ne détenaient plus d’habits décents. Elle avait fini par en conclure que les vêtements devaient être déchirés. Près des deux jeunes filles, Sawyer était allongé sur le dos, les mains sur ses yeux, et Shining l’entendait gémir de douleur, autant psychique que physique. Elle assit correctement Chloé contre le mur, en prenant soin de la mettre droite, avança à tâtons vers son ami et posa sa main sur ce qu’elle en déduisit, son torse.

« Sawyer … ?
- Je veux sortir d’ici. »


En soupirant, la demoiselle s’allongea près de l’autre thérianthrope. Elle ne comptait plus les jours passés dans cette merde. Elle ne savait plus quand était le jour et quand était la nuit. Ayant perdu la notion du temps, elle était incapable de se rappeler précisément la durée d’une minute, ou même d’une seconde. La pénombre commençait à lui affecter le système nerveux et elle devait prendre sur elle-même pour ne pas se transformer et se mettre à courir partout en hurlant, sous sa forme animale.

« Comme tout le monde, Sawyer. Comme tout le monde.
- Ça me rend malade de ne pas savoir ce qui se passe dehors
, maugréa-t-il en se redressant et en regardant son amie, s’aidant de son aura pour la localiser. Il baissa le ton et s’approcha de l’oreille de sa camarade pour qu’elle seule l’entente. Si ça se trouve, il n’y a plus que 3 thérianthropes dans toute l’Asie. Toi, moi et l’autre cinglé d’ours de merde. »

Shining ne savait pas vraiment quoi répondre à ceci. Il était vrai que le fait qu’ils soient les derniers thérianthropes restants n’était pas impossible. Même si cela faisait froid dans le dos. Elle se passa une main dans les cheveux et ferma les yeux. Elle commençait de plus en plus à croire qu’il fallait s’enfuir. Elle ne voulait pas mourir ici. Pas comme ça. Et elle savait que les thérianthropes étaient épargnés d’Orla. Après cependant, il faudrait expliquer à l’armée qui gardait l’entrée du bunker, qu’ils étaient immunisés et qu’ils ne risquaient rien. Et cela était tout bonnement impossible. Une main lui tapota soudainement l’épaule et elle tourna la tête.

« Shining ?
- Oui Chloé ?
- Je… »


« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? » La jeune femme se tourna vers son amie, soucieuse. La voix tremblante qu’elle avait ne lui annonçait rien de bon. Elle lui prit la main et l’encouragea à continuer en lui tapotant le dessus de celle-ci.

« Je vais m’enfuir.
- Quoi ?! »


Choquée, la thérianthrope recula et lâcha la main de sa camarade. Comment Chloé pouvait-elle penser une telle chose ? Elle savait parfaitement que si elle mettait le nez dehors, elle se ferait fusiller. La bouche entrouverte, effet de surprise et de stupeur, ses mains se mirent frissonner toute seules. Sawyer, qui avait entendu le délire de sa camarade, se releva d’un bond. Son épaule heurta le mur et il lâcha un grognement de douleur. « Abruti. » Passée la brûlure, le jeune homme pris place à côté de Shining et se servit, comme son amie, de l’aura de Chloé pour précisément la localiser.

« Tu es complètement folle ? murmura le thérianthrope à l’oreille de l’adolescente. Cette dernière agita un instant sa main dans le vide, cherchant l’épaule de son pote, avant de trouver celle de gauche et de la poser dessus.
- Oui, je suis folle. Cet endroit m’a rendu complètement cinglée. On a tué mon frère. Je n’ai plus de famille. Et je ne veux pas crever ici ! »

Avant que l’un des deux amis n’ait pu faire le moindre mouvement, Chloé se leva précipitamment et se mis à courir dans le noir, à la recherche de l’échelle qui menait à la trappe située au toit de la pièce. Elle trébucha sur une femme qui se mit à crier. Un craquement retentit, suivi d’une série de hurlements qui s’amplifièrent au fur et à mesure que les secondes passèrent. Shining se couvrit les oreilles de ses mains et ferma les yeux. Elle entendit Sawyer rejeter la tête en arrière et se mettre à hurler lui aussi. Il avait positionné ses mains sur sa tête et serrait ses cheveux à pleines poignées. Elle le savait particulièrement sensible aux cris des autres, et il semblait sur le point de ne plus pouvoir les supporter. L’amie des deux thérianthropes avait fini par atteindre l’échappatoire, et escaladait les barres rouillées. La jeune femme se redressa et tendit les mains vers la fugueuse.

« Ne fais pas ça !! Si tu sors, tu mourras quand même ! »

Malgré les avertissements que l’on lui lançait, aveuglée par la folie, sa meilleure amie n’entendait plus rien. A quelques centimètres de la trappe, malgré le fait que personne ne puisse la voir, elle se tourna vers l’assemblée traumatisée.

« Regardez ! Ouvrez vos putains d’yeux ! Dans un instant, je serai dehors ! Et vous allez voir la lumière du jour !
- Non !
s’époumona Shining en se jetant en avant, ne récoltant que de la peau arrachée sur les bras et le torse. »

Elle se redressa et rejoignit son amie au pied de l’échelon. Chloé ouvrit la trappe et un immense rayon de soleil vint inonder la salle morbide. L’adolescente mis ses mains dehors et se hissa sur la route en un cri de triomphe. La thérianthrope poussa une vocifération ténébreuse et commença à grimper à toute allure pour rejoindre sa camarade.

« Chloé, reviens !
- Shining, redescends ! Tu vas te faire tuer, toi aussi !
s’horrifia Sawyer en courant vers son amie. »

Au moment où Shining allait mettre une main dehors pour récupérer sa confidente, une détonation stridente se fit entendre. Le corps de Chloé fut projeté dans les airs et il retomba sur le sol de la salle poisseuse. Un trou béant s’était formé dans sa poitrine et le sang avait éclaboussé la route, et coulait le long des murs et de l’échelle. Son corps fut secoué de convulsions quelques secondes, avant de s’immobiliser pour toujours. Ses yeux perdirent leur ultime éclat, et elle cessa de respirer. Une marre rouge pris forme sous le cadavre, terrorisant nombre d’entre les prisonniers. Les yeux écarquillés, Shining presque à l’extérieur du bunker, manqua de tomber de l’échelle. Anéantie, elle regardait le corps de son amie, incapable de hurler ou de pleurer.

« Shining ! Saute ! »

L’avertissement de son ami la ramena à la réalité. La jeune femme regarda en haut de la trappe, juste à temps pour voir un soldat la viser avec le canon de son fusil. Prise par surprise, elle resta figée, incapable de s’enfuir. Son ami avait beau lui hurler de sauter, elle ne réagissait pas. Comateuse, elle restait plantée devant son exécuteur, mains agrippées à l’échelle. Elle entendit nettement le « clic » de l’arme, annonçant que le soldat avait retiré le cran de sureté. Elle tressaillit et attendit que la balle vienne lui perforer les poumons et le cœur, comme il en avait été pour Chloé. Sawyer bondit vers elle et la percuta de plein fouet, au moment où le coup de fusil fusa. Le plomb rentra dans le crâne d’un vieil homme innocent, dont la cervelle explosa sur les murs et sur les personnes alentours. Son épouse se pris la tête entre ses mains et poussa un cri déchirant. Les centaines de personnes ici présentes se mirent toutes à s’égosiller. Elles se roulèrent sur le sol, se mirent à pleurer, se frappèrent la tête contre le sol et les parois. Le sang tapissait le parterre et les roches de l’immense cellule. Shining et Sawyer atterrirent douloureusement sur le sol en criant d’effrois. La jeune femme eut le souffle coupé lorsque son camarade retomba sur son ventre. Couverts de sang, ils décampèrent dans un coin isolé de la salle et se recroquevillèrent sur eux-mêmes. Les Allemands hurlèrent quelque chose qu’elle ne comprit pas, avant de refermer la trappe et de faire mourir la lumière du jour. La thérianthrope se réfugia dans les bras de son sauveur et se mis à se vider de ses larmes, accablée. Ce dernier la serra contre lui et déposa son menton sur son épaule, tout en lui caressant la nuque en lui murmurant de se calmer.

« Sawyer… C’est affreux…
- Je sais… Je suis désolé. Essaie de te calmer. »


Shining se dégagea un instant de l’emprise de celui qui lui avait sauvé la vie, pour pouvoir le regarder dans les yeux. Du moins, elle pensait le regarder dans les yeux.

« Merci. Merci de m’avoir sauvé la vie. Je ne sais pas… Je n’aurai pas du… Tu aurais pu mourir. Oh, je suis terriblement désolée...
- Ce n’est pas ta faute. Tu n’as pas à être désolée
, la rassura son ami en la reprenant dans ses bras. »

Sa camarade enfouit sa tête dans son épaule et laissa aller ses pensées. Chloé était morte. Une de plus à être devenue folle. Qui serait le prochain à perdre la raison … ?





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